Vie, mortalité et histoire : l'herméneutique ricœurienne face aux phénoménologies du corps

Les Etudes Philosophiques 111 (4):589-607 (2014)
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Abstract

Cet article se propose de discuter la relation de l’herméneutique ricœurienne aux phénoménologies du corps, en explicitant d’abord la manière dont le dialogue critique avec la phénoménologie n’aura cessé de problématiquement féconder cette pensée. Une pensée qui de l’herméneutique a reconnu la force, mais aussi les errances, depuis ce dialogue même avec la phénoménologie et ses fondateurs. Mais ces errances, si Ricœur les a sans doute dévoilées mieux que nul autre au fil de l’œuvre fragmentaire, il ne les a pas pour autant dépassées, d’avoir lui aussi, à la suite de toute la tradition herméneutique, laissé au seuil de l’interprétation ce qui relie justement les fragments, jusqu’au fameux aveu-texte ricœurien – Vivant jusqu’à la mort – : le lien nommé « Vie ». Ce lien, qui semble hanter l’interprétation, au sens même où Ricœur entendait le terme de hantise, comme tourment, nous montrerons ici que c’est la discussion ricœurienne de la « limite de la phénoménologie », qui permet de le reproblématiser, en suivant la triade « vie, mortalité et histoire ». Que ma chair soit aussi un corps, un corps parmi les corps, que l’altérité précède même la propriété, de telle sorte que devienne pensable tout ce que Soi-même comme un autre et La mémoire, l’histoire, l’oubli opposeront à la conception heideggérienne de la mortalité, de l’authenticité et de l’histoire, voilà en effet ce que, selon Ricœur, la phénoménologie ne serait jamais parvenue à penser ; voilà sa limite. Or, le but de cet article est justement de montrer, en reprenant dans son détail cette critique des phénoménologies du corps, que c’est une grande et paradoxale absence qui la marque : celle de la pensée merleau-pontienne. Paradoxale, parce que de cette pensée Ricœur s’est d’abord et longtemps réclamé, avant d’ignorer ses derniers virages et sa phénoménologie de l’Institution. Une phénoménologie dont nous nous proposons donc de comprendre l’absence, tout en montrant qu’en elle histoire et vie ne font qu’un, au point qu’elle dévoile peut-être le mieux les possibles de cet implicite de la vie et du désir qui hante l’œuvre ricœurienne : les possibles d’un déploiement nouveau de la phénoménologie de l’ histoire elle-même à partir d’une phénoménologie du corps vivant.

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