La critique schélérienne des philosophies nietzschéenne et bergsonienne de la vie
Abstract
Une conférence que Scheler prononça en 1926, intitulée « Leib und Seele » (« Le corps et l?âme »), contient le propos suivant : F. Nietzsche, Bergson, Simmel, Dilthey, l?activisme ( Aktivismus ) et toutes les variétés ( Spielarten ) d?un nouveau pragmatisme, la mauvaise philosophie de la vie ( Lebensphilosophie ) dans son ensemble, puisqu?on l?appelle ainsi, ont présenté ce courant selon la rationalité philosophique (voyez la philosophie de la vie [ Philosophie des Lebens ], voyez Rickert ; « la grande raison du corps et la petite raison de notre conscience »). L?homme comme société hiérarchisée ( Gesellschaftsb [?]) de pulsions ( Trieben ) 1 . Il est question de l?intérêt de la jeunesse, dans tous les pays, pour le sport, la danse, la « force et la beauté » ( die ?Kraft und Schönheit? ) 2 . Un tel intérêt serait solidaire d?une horreur pour les valeurs de l?esprit conscient ainsi que pour une société mécaniste du travail. Tout cela, Scheler le nomme la « manière d?être dionysiaque » ( dionysischer Zug ) 3 . Les trois principaux thèmes de la critique adressée par Scheler à Nietzsche et Bergson sont présents ici : la théorie de la connaissance (il est question d?un « pragmatisme »), l?ontologie de la vie (c?est à une certaine « philosophie de la vie » que Scheler s?en prend) et l?anthropologie (c?est une conception déterminée de l?homme qui est impliquée par la