Editions Galilée (
1996)
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Abstract
Le chez-soi a toujours été travaillé par l'autre, et par l'hôte, et par la menace de l'expropriation. Il ne s'est constitué qu'à l'ombre de cette menace. Néanmoins, on assiste aujourd'hui à une expropriation nouvelle, à une déterritorialisation, à une délocalisation, une dissociation si radicales du politique et du local, du national, de l'Etat-national et du local, que la réponse, il faudrait dire la réaction, cela devient - je veux être chez moi, je veux être chez moi, je veux être chez moi enfin, avec les miens, auprès de mes proches. Cela n'est même pas une réponse d'ailleurs, ce n'est pas une réactivité secondaire qui vient en quelque sorte compenser, réagir après-coup, non, c'est le même mouvement. Il appartient à la constitution du propre et relève de cette loi d'ex-appropriation dont je parlais plus haut - pas d'appropriation sans possibilité d'expropriation, sans la confirmation de cette possibilité. Prenons l'exemple de la télévision. La télévision introduit dans le chez-moi l'ailleurs, et le mondial, à chaque instant. Je suis plus isolé, plus privatisé que jamais, avec chez moi l'intrusion en permanence, par moi désirée, de l'autre, de l'étranger, du lointain, de l'autre langue.