Abstract
La doctrine scolastique des transcendantaux est dans une mesure certaine hérìtée de la philosophie arabe. La construction de la problématique de l'un transcendantal, convertible avec l'être, et de l'un numérique, non convertible, illustre bien cette dépendance: toute la discussion scolastique reproduit les grandes lignes de la position d'Avicenne, puis la critique d'Avicenne par Averroès. L'article essaie de reconstituer l'ensemble des questions, lieux et arguments qui constituent cette problématique en en suivant l'évolution grâce à l'analyse desophismataanonymes et de textes de Nicolas de Paris, de Roger Bacon, d'Albert le Grand et de Jacques de Viterbe. Deux stades sont distingués: le premier centré sur la distinction entre un transcendantal et un numérique; le second, essentiellement allemand (Dietrich de Freiberg, Berthold de Moosburg), sur la subordination de l'un transcendantal (“aristotélicien”) à 1'Un transcendant (“platonicien”). Chemin faisant, on montre que, à l'exception des philosophes allemands, la compréhension de la “position d'Avicenne” reste filtrée par l'interprétation d'Averroès.