Abstract
Au paragraphe 59 de la Critique de la faculté de juger, juste avant de se lancer dans la Critique du jugement téléologique, Kant écrit une phase que rien dans la Critique du jugement esthétique, qu’il s’apprête à conclure, n’annonçait : “Je dis maintenant que le beau est le symbole du bien moral”. Il fait toutefois précéder cette ligne d’une explication de ce qu’il entend par “symbole”, qu’il illustre par un exemple qui semble aussi abrupt et hors contexte que la phrase sur le symbolisme moral du beau lui-même : “Ainsi représente-t-on un état monarchique apr un corps animé s’il est gouverné selon des lois internes du peuple, mais par une simple machine (comme, par exemple, un moulin à bras) s’il est gouverné par une volonté singulière absolue.” Le présent article prend son départ dans la précipitation quasi-freudienne de Kant, qui concerne tant la phrase sur le symbolisme que l’exemple étrangement politique illustrant ce qu’il entend par “symbole”, afin de mettre à jour la validité de son affirmation sur le symbolisme moral du beau pour notre époque.