Abstract
La rencontre entre Bergson et Einstein en 1922 est souvent présentée comme un cas exemplaire d’incompréhension réciproque entre le philosophe et le physicien. Pourtant, la même année, Bergson publiait _Durée et simultanéité_, analyse et interprétation de cette même Relativité. Il serait erroné de présenter Bergson comme le philosophe ignorant des sciences dures. Entre le texte de 1922 de _Durée et simultanéité_ et celui de 1934 du _Nouvel Esprit Scientifique_, il n’y a pas passage d’une interprétation erronée de la Relativité à une intelligence philosophique de ses enjeux. Bergson avait parfaitement compris la Relativité, tout du moins autant que cela se pouvait pour quelqu’un qui n’était pas un physicien et peut-être autant que certains physiciens à la même époque. Si erreurs il y a dans _Durée et simultanéité_, elles reposent sur la démarche philosophique plutôt que sur la non-maîtrise des éléments de physique. Par conséquent, le passage de Bergson à Bachelard, en ce domaine, est bien un renversement dans la démarche philosophique. C’est ce renversement philosophique qu’il s’agit d’expliciter.