Abstract
Depuis la fin du xiiie siècle et le « moment 1300 », l’Occident connaît une large diffusion de savoirs sur l’écrit juridique et gestionnaire. Ces savoirs semblent cependant se limiter à un groupe spécifique, celui des « clercs », « notaires » ou juristes, qui font de cette maîtrise le socle de leur activité professionnelle : apparaissent alors des usages graphiques participant de la construction de cette identité professionnelle. À partir du milieu du xive siècle, cependant, nous pouvons observer une lente appropriation de l’écrit juridique par d’autres que ces professionnels de l’écrit grâce à un nombre de plus en plus important de documents, phénomène qui reste encore largement méconnu. Le manuel de Guillaume Flambart, noble de moyenne envergure et petit officier des forêts, est l’un de ces documents : regroupant des textes de toute nature ayant trait à l’exercice de la justice, il constitue un corpus linguistique de premier choix. La combinaison de plusieurs approches méthodologiques permet de faire émerger des normes graphiques cohérentes au sein de ce manuscrit et, en contre-point, de s’interroger sur l’appartenance de cet homme au groupe des « professionnels de l’écrit ».