Abstract
Dans son effort pour ébranler la dichotomie entre la raison calculatrice et le domaine de l'irrationnel, Ch. Perelman s'inspire de la rhétorique ancienne et, entre autres, de Platon. Il utilise celui-ci pour illustrer le mépris des philosophes à l'égard de la rhétorique, pour indiquer la voie d'une rhétorique différente, et pour caractériser la forme du dialogue. On montre que cette condamnation de la rhétorique est beaucoup plus systématique, chez Platon, que ne le laisse entendre Perelman; que la "rhétorique digne des dieux" de Platon n'a rien à voir avec la nouvelle rhétorique; et que le dialogue platonicien n'est pas un dialogue au sens de cette dernière. Bref, Platon est un anti-modèle, et c'est en prenant conscience de leur hétérogénéité radicale que l'on pourra le mieux apprécier l'originalité de ces deux conceptions de la philosophie.