Abstract
Le tableau de Nicolas Poussin, Paysage avec un homme tué par un serpent (ou Les effets de la terreur), demeure énigmatique pour toute une critique qui oscille entre deux pôles : soit le tableau est mythologique, mais on ne sait pas à quelle histoire il renvoie (l’hypothèse de Cadmus n’étant guère soutenable) ; soit le tableau ne représente que les effets de la terreur, sans renvoyer à aucune histoire. La thèse défendue dans cet article est la suivante : tout en représentant les effets de la terreur, le tableau renvoie à une histoire – non celle de Cadmus, mais celle de Narcisse, cet homme qui meurt près de la source qui le captive, prisonnier de l’amour vain qu’il se porte à lui-même. On se propose d’étayer cette thèse par la découverte de remarquables liens entre Narcisse et Python, non seulement à partir de l’œuvre poétique d’Ovide, mais encore à partir de l’œuvre picturale de Poussin.