Abstract
Cet article aborde le problème de la justification des attributions d'expérience à autrui (problem of other minds). Je compare ce problème à d'autres problèmes sceptiques contemporains dus à Nelson Goodman et Saoül Kripke et je montre qu'il constitue un défi plus pressant et auquel il est plus difficile de répondre de manière modeste. Je propose une solution radicale à ce problème, qui repose sur l'idée, avérée empiriquement, selon laquelle nous disposons de deux formes d'empathie distinctes pour accéder à autrui. Très sommairement, lorsque je m'interroge sur autrui de manière objective et désengagée, je ne peux accéder à son esprit que par empathie cognitive, et le problème des autres esprits est alors insoluble. Lorsqu'autrui m'est présenté en personne, par contre, j'accède à son esprit par une forme d'empathie affective et le problème de l'esprit autrui est alors littéralement dépourvu de sens.