Abstract
Résumé Beaucoup de cinéastes et de théoriciens français ont très longtemps clamé que le cinéma ne consistait pas à produire des images, mais des plans – catégorie adossée à la notion de durée et très vague, puisqu’elle désigne une découpe à la fois spatiale et temporelle. Cette réticence au concept d’image a ainsi nourri une sorte de « Yalta » cinéphile, distinguant la lignée des frères Lumière (la vue comme art du réel) et celle de Georges Méliès (le tableau fantasmagorique). Cette opposition entre image (souvent assimilée, ici, à l’imagerie ou au cliché) et plan-durée peut être comparée à la fort ancienne querelle du dessin et de la couleur (ce qui cerne et ce qui déborde). Nous tenterons ici d’étudier l’éventualité d’un « icono-réalisme », en nous appuyant notamment sur les travaux de Gilles Deleuze et de Jacques Rancière (La Fable cinématographique), ainsi que sur un moyen-métrage de Pier Paolo Pasolini, La Ricotta (1963).