Abstract
M’appuyant sur la pratique de l’artiste Marina Abramović qui vise à constituer la performance en art de répertoire, je propose dans cet article une ontologie des œuvres performatives. Est-il possible de re-performer une œuvre du passé, comme on exécuterait une œuvre musicale définie par sa partition? La question philosophique que j’adresse s’inscrit dans le cadre d’une ontologie appliquée sensible aux problèmes concrets que soulèvent certaines pratiques bien identifiées dans le monde de l’art : identification, préservation et conservation des œuvres. J’examine successivement différentes hypothèses : une performance artistique est un événement typique identifié par son script et multiplement instanciable ; la performance artistique est l’énonciation d’une idée ; la performance artistique est un événement doublement initié et par le contexte de sa composition et par celui de son exécution. Ces différentes formulations conduisent à interroger la place de l’interprète dans les performances artistiques. Ma contribution principale consiste à mettre au jour les conditions de félicité des œuvres performatives et à interroger la relation que ces conditions de félicité entretiennent avec les critères d’identification des œuvres dans le cadre d’une interprétation contextualiste de l’ontologie.