Abstract
This essay offers a theoretical analysis of the changes which are taking place in the musical consciousness of listeners in the present phase of society. The author seeks rather to deduce the conditions of musical reception from the present stage of musical production. The first part of the article deals with changes in production as they affect the general consciousness of listeners. Light music is discussed as well as serious music insofar as it reaches the consumer. Changes in reception are revealed in certain characteristics like the cult of the melody, of the voice, of the master violin, and they are tied up with specific economic concepts. Success plays a particularly important role in this connection.The second part is devoted to the retrogression in listening, analyzed psychologically. Docile passivity, imitation of pre-given patterns, and bitter resentment of the „abnormal“ have become characteristic for the listener. The author shows how this retrogression has become concretized in the formation of a „musical child’s language.“Many listeners seek to overcome passivity by a pseudo-activity. The social function of certain types like the jitter-bug, the radio amateur, or the man with a knack for jazz, are discussed.L’article entreprend d’interpréter sous forme d’une esquisse théorique les transformations qu’a subies la conscience musicale des auditeurs dans la phase actuelle de l’évolution sociale.On n’analyse pas psychologiquement les réactions des auditeurs ; mais on prend pour point de départ Tétât de la production, et de celui-ci on déduit celui de la réception.La première partie traite de la transformation de la production dans la mesure où celle-ci atteint la conscience commune des auditeurs. L’auteur considère aussi bien la musique légère que la soi-disant musique sérieuse et les modifications que connaît celle-ci pour parvenir à la consommation.Ces modifications font de la musique un fétiche. On en prend pour exemple le culte des „idées“ musicales, de la voix et des „violons de maître“. Le caractère fétiche de la musique se mesure au succès accumulé.Ensuite, on développe quelques catégories du fétichisme musical : dépravation, arrangement, „divertissement élevé“, idolâtrie de la perfection.Au fétichisme de la musique correspond du côté de l’auditeur une régression de la faculté d’entendre — phénomène qui fait l’objet de la deuxième partie de l’étude. On l’interprète comme l’attitude auditive caractéristique des „régressifs“. Soumission passive, imitation de l’antérieurement donné, fureur contre ce qui sort de la norme — définissent cette attitude, qui s’objective en un langage musical puéril en formation et dont quelques éléments sont esquissés.A cette passivité, de larges groupes d’auditeurs cherchent vainement à échapper par une pseudo-activité. Quelques types de pseudo-activité sont décrits : l’enthousiaste, le bricoleur et le „chic type“. On montre la fonction sociale de ces types.Enfin, on traite des possibilités dialectiques de l’audition du régressif. Une confrontation de l’expérience fondamentale de la musique radicalement neuve avec le mode régressif d’entendre termine l’article.