En interrogeant les rapports en philosophie et politique à l'âge classique, de la fin du XVIe siècle à la fin du XVIIIe, ce livre entend mettre en évidence la teneur philosophique des concepts politiques qui émergent à cette époque ou y font l'objet d'une définition renouvelée. Cete démarche consiste à réactiver une interrogation sur les présuppositions et les implications métaphysiques de ces concepts. Une question ne peut dès lors manquer de surgir : en quoi la politique a-t-elle besoin de la (...) métaphysique ? C'est en vue de répondre à cette question qu'Y.C. Zarka examine le cadre métaphysique explicite ou implicite dans lequel s'inscrit la réflexion politique. Il aborde ensuite certains des concepts majeurs de la pensée politique de l'âge classique dans un parcours qui mène du renouvellement de l'idée de république à la philosophie de la liberté, en passant par la fondation philosophique de la notion de tolérance. Ce livre relève d'une historiographie philosophique où l'érudition n'est plus une simple conversation du patrimoine culturel, mais se trouve animée d'un ressort nouveau qui associe au souci de l'exactitude historique celui de la spéculation philosophique. (shrink)
Il semble que, malgré les nombreuses mises en garde de ces dernières années venant de différents côtés, l’installation de dispositifs d’évaluation s’opère actuellement dans tous les secteurs de la société et les institutions : l’hôpital et le système de santé, les institutions d’éducation et de formation en général, les universités et la recherche en particulier,...
Allons sans détour au cœur du problème par deux thèses : 1 / il existe une idéologie de l’évaluation ; 2 / cette idéologie est une des grandes impostures de la dernière décennie.Commençons par la première thèse. Le terme « idéologie » est à prendre au sens qu’il a acquis depuis Marx : une vision du monde ou, plus modestement, une représentation illusoire qui..
Si je devais dire simplement en quelques mots en quoi l’œuvre de Paul Ricœur marque la philosophie contemporaine, je soulignerais que la question susceptible d’unifier cette œuvre et d’en illustrer la puissance de synthèse, à travers les multiples champs qu’elle traverse, les innombrables lectures auxquelles elle donne lieu et la diversité des interrogations qu’elle éveille,...
Dans son pamphlet contre Napoléon, intitulé De l’esprit de conquête et de l’usurpation, Benjamin Constant écrivait, en 1814 : « Un gouvernement qui voudrait aujourd’hui pousser à la guerre et aux conquêtes un peuple européen commettrait donc un grossier et funeste anachronisme. Il travaillerait à donner à sa nation une impulsion contraire..
Que reste-t-il de ce que les philosophes ont dit de Dieu? Que reste-t-il d'un "savoir" de Dieu? Comment surmonter le nihilisme? L'ambition de cet ouvrage est de restituer l'interrogation philosophique sur Dieu dans sa diversité, sa force et ses métamorphoses, hier et aujourd'hui.
Cette chronique est le recueil des textes relatifs a la vie et a la pensee de Hobbes, restitues dans l'ordre de leur succession historique. L'auteur reconstruit les aspects les moins visibles du cheminement philosophique de Hobbes, c'est-a-dire qu'il recompose le tissu contextuel qui est a l'arriere-plan des grandes oeuvres. Il mobilise non seulement toute la documentation imprimee et manuscrite connue mais egalement de nombreux documents jusqu'a present inconnus, pour exhumer des temoignages oublies, deceler des rapports nouveaux et reconstituer des textes (...) perdus. La chronique est donc un veritable laboratoire d'historien de la philosophie. On y voit, pour ainsi dire, a l'oeil nu, le travail de reconstruction des textes. La recherche sur Hobbes atteint ici un niveau de rigueur et de scientificite inconnu jusqu'a ce jour. (shrink)
Comment la pensée médiévale continue-t-elle à agir dans la philosophie juridico-politique moderne, c'est-à-dire dans un horizon intellectuel et historique qui n'est plus le sien ? Telle est la question qui anime les contributions au présent ouvrage. Cette action persistante de la pensée médiévale, qui est en même temps transformation de ce qui agit, est étudiée dans le cadre de trois grandes problématiques. 1. Le transfert de la notion de plenitudo potestatis de l'ordre ecclésiastique à l'ordre politique. 2. Le déplacement d'un (...) univers qui trouvait son fondement en Dieu vers un univers qui comporte, non un, mais deux fondements possibles entre lesquels se développe une tension (laquelle deviendra plus tard une concurrence) : Dieu et l'homme. C'est dans le cadre de cette tension entre les deux fondements théologique et éthique que se forment les doctrines du sujet psychologique et affectif, d'une part, et du sujet de droit, d'autre part. 3. Enfin, la constitution d'une théorie du pouvoir politique sur les hommes qui n'est plus pensée dans les catégories de la propriété des choses alors que celles-ci fournissaient, au Moyen Age, le principe d'intelligibilité de celle-là. Ce volume entend ainsi apporter un éclairage nouveau sur la naissance et la constitution de la philosophie juridico-politique moderne. (shrink)
Pourquoi la démocratie qui, en son principe, est un régime de liberté peut-elle dériver vers la servitude? Cette question n'est pas nouvelle, elle figurait déjà en bonne place dans la pensée politique de Platon et d'Aristote, pour lesquels cette dérive était inscrite dans la nature du régime, lequel n'était donc pas viable. Elle se retrouve également chez les premiers penseurs de la démocratie réelle moderne, en particulier Alexis de Tocqueville, pour lequel la démocratie est perpétuellement confrontée à une redoutable alternative (...) : promouvoir le goût de la liberté ou, à l'inverse, se dégrader en servitude de mœurs et d'opinion. Or, que cette servitude démocratique, qui est une tendance interne par laquelle la démocratie se détruit elle-même, ne résulte pas d'un pouvoir de contrainte externe mais trouve ses ressorts dans la volonté des individus, nous savons le penser depuis longtemps avec le concept de servitude volontaire d'Etienne de La Boétie. Pourquoi donc parler de nouvelles servitudes? Parce qu'il n'y a pas lieu d'écrire aujourd'hui un " Contr'un ". La figure du maître a changé, ce n'est plus un maître personnel, un tyran, qui tiendrait sous son pouvoir une multitude effrayée, mais un maître anonyme, sans visage et sans nom propre qui, par de nouvelles voies, instaure une domination d'un nouveau genre et de nouvelles servitudes. Celles-ci sont analysées ici sur les plans de l'anthropologie, de l'éthique, de l'économie, ainsi que de l'analyse sociale et de la philosophie politique en vue de repenser une liberté civile à la mesure des problèmes de notre temps. Ce livre est une défense de la liberté issue de la convergence des vues, non d'un collectif, mais d'un certain nombre d'individus singuliers, auteurs libres et indépendants, disons intempestifs, qui entendent s'élever contre les formes larvées de servitudes qui se mettent en place dans les sociétés démocratiques. Il s'agit donc de retrouver l'esprit de liberté sans lequel la démocratie se dégrade et se meurt. (shrink)
La question cosmopolitique est restée en marge de l'intérêt qui a été porté à la pensée juridico-politique de Kant. Mais l'intérêt philosophique de la question cosmopolitique dépasse très largement ce cadre. Elle atteste d'abord que la théorie politique de Kant ne se limite pas une théorie de l'Etat. Il doit y avoir un en deçà et un au-delà de l'Etat, où la politique dépasse l'idée de peuple pour atteindre celle d'humanité. En ce sens, Kant est l'antidote de Carl Schmitt, qui (...) portait en lui la haine de l'idée cosmopolitique. Cet antagonisme théorique entre Schmitt et Kant, entre le poison et le remède, est largement attesté dans ce volume. Ce qui montre à quel point nous avons besoin aujourd'hui du cosmopolitisme de Kant, pour penser le passage de la guerre à la paix, la place de l'hôte étranger dans nos sociétés complexes et la nouvelle configuration d'un monde globalisé. (shrink)
Pierre Bayle réalise une triple opération sur le concept de critique : 1. il généralise la critique ; 2. il lui donne le caractère d'instance où est établie la vérité ; 3. il en fait ainsi un tribunal particulier qui a son droit propre et ses procédures. Cette triple opération repose elle-même sur deux gestes. Le premier concerne le rapprochement de deux sens de la critique : la critique philologique et la critique publique. Le second geste concerne l'extension du champ (...) de la vérité et de la certitude au domaine des faits, et plus seulement à celui de la raison. Pierre Bayle étend ainsi la méthode cartésienne à l'histoire. Cette extension hétérodoxe du cartésianisme joue un rôle notable, d'une part dans l'application des notions de vérité et de certitude au domaine des faits et, d'autre part, dans l'identification des notions de raison et de critique. Ces deux gestes de Bayle constituent un nouvel espace : l'espace intellectuel comme lieu de la critique, c'est-à-dire l'espace de la république des lettres. Pierre Bayle has accomplished a triple operation on the concept of criticism : 1. he has generalised criticism ; 2. he has given it the character of a trial which establishes the truth ; 3. he has thus made it into a special tribunal with its own law and procedures. This triple operation is itself based on two actions. The first is to do with the bringing together of two meanings of criticism : philological criticism and public criticism. The second concerns the extension of the field of truth and certainty to the realm of fact, and no longer simply that of reason. Pierre Bayle thus extends Cartesian method to apply it to history. This heterodox extension of Cartesianism plays a significant role, on the one hand in the application of notions of truth and certainty to the realm of fact, and on the other hand in the identification of notions of reason and criticism. Bayle's two actions constitute a new space : the intellectual space as the location of criticism, in other words, a space which is the republic of letters. (shrink)
Ce livre a profondément marqué l'histoire de l'interprétation de Hobbes en montrant que la signification de l'oeuvre reposait sur une position métaphysique et qu'ilÁÁfallait donc réinscrire Hobbes dans l'histoire de la métaphysique pour élucider sa place dans l'histoire de la pensée éthique et politique. On conçoit facilement le déplacement que cette lecture impliquait dans la compréhension d'une oeuvre qui était pour l'essentiel réduite à une dimension politico-historique. Il ne s'agissait évidemment pas d'en réduire l'importance politique, ni d'en minimiser l'inscription dans (...) l'histoire de la guerre civile anglaise, mais au contraire de mettre au jour la structure spéculative qui en fondait l'originalité théorique. La pensée de Hobbes engage une réélaboration du concept de vérité, c'est-à-dire une redéfinition du rapport entre la perception, le discours et le monde qui constitue l'horizon de sa philosophie naturelle et de sa philosophie politique. Les deux premières parties du livre sont consacrées à l'examen des positions métaphysiques de Hobbes sur le plan de la théorie de la perception et sur celle du langage. La troisième en étudie les implications dans la philosophie naturelle. Enfin, la quatrième comporte une nouvelle analyse du déploiement complet du système éthico-politique depuis la théorie de l'individu jusqu'à la protofondation de l'Etat. (shrink)