Hegel attribue à l'art et à Ia philosophie une même tâche dans l'histoire de l'Esprit, celle de « réconcilier » les opposés. Nous expliquerons de quels éléments à médiatiser il s'agit, et une étude détaillée de textes de l'Introduction à l'Esthétique nous amènera à critiquer le moment de la transition vers la philosophie, celui de la poésie romantique. Nous suggérerons en particulier que l'emploi de deux critères différents pour établir la hiérarchie des arts et des formes empêche Hegel de justifier (...) réellement le dépassement de l'art par la philosophie ainsi que la supériorité de la réconciliation philosophique.Hegel assigns to art and philosophy one and the same task in the history of the Spirit, that of "reconciling" the opposites. I explain which elements are mediated, and rely on a detailed study of extracts from the Introduction to Aesthetics to criticize the moment of the transition to philosophy, viz. romantic poetry. In particular, I suggest that the use of two different criteria to establish a hierarchy of arts and forms prevents Hegel from giving a proper justification of how philosophy transcends art, and of why its reconciliation is superior. (shrink)

Depuis son important Hegel ou Spinoza publié en 1979, Pierre Macherey s'est progressivement imposé comme l'une des figures les plus importantes du renouveau spinoziste. La publication de cinq volumes d'Introduction à l'Éthique de Spinoza aux Presses Universitaires de France de 1994 à 1998, dont celui-ci est l'avant-dernier, confirme sa place désormais proéminente parmi les grands interprètes français. Or Macherey nous assure dans son introduction ne justement pas vouloir imposer une «interprétation», qui viendrait se superposer à la lettre de ce qu'écrit (...) Spinoza, mais bien au contraire ouvrir, à partir d'une étude littérale de l'Éthique, un champ d'interprétation dont il se contenterait d'indiquer les bornes. Et ces bornes, certes, apparaissent, car en mettant au clair ce que Spinoza a dit, il fait voir aussi ce qu'il n'a pas dit, et ruine ainsi systématiquement nombre d'interprétations erronées. De cette puissance de critique fondée sur une analyse lente et minutieuse du texte, Macherey tire finalement une assurance très grande qui donne à son commentaire un ton peut-être plus autoritaire qu'il ne l'aurait souhaité parfois, mais dont la cohérence d'ensemble renforce le pouvoir de persuasion. Et malgré l'impossibilité foncière de ne pas faire quelques choix d'interprétation dans un commentaire de ce type, ces tomes de Macherey ont réussi leur pari de rester des introductions à la lecture du texte lui-même, plutôt que des surtextes qui masqueraient leur source. Son commentaire du De Mente en particulier, la seconde partie de l'Éthique qui nous concerne ici, ouvre réellement à la lecture de ce qu'a écrit Spinoza, avec une rigueur remarquable. (shrink)

Cet ouvrage n’est pas un commentaire du Traité théologico-politique de Spinoza. Ce n’est pas une lecture suivie, pas même un ouvrage érudit d’interprétation, bien qu’il soit résolument question du rapport de Spinoza au judaïsme. Mieux: c’est une thèse. Une thèse forte, digne d’être controversée, et qui a de quoi intéresser tout philosophe; tout spécialiste de Spinoza aussi, mais, plus largement, tout penseur, éthique, religieux ou politique; et l’auteur nous précéderait sans doute pour dire: tout homme. C’est une thèse sur la (...) métaphysique, sur l’Occident, sur la trilogie Être-Dieu-Pouvoir, et sur la définition subséquente de l’homme. Car tout est lié, et ceux pour qui ce n’est pas évident n’auront qu’à lire l’ouvrage pour s’en persuader. De fait, ce sont tous les domaines de la pensée occidentale qui sont touchés, et souvent critiqués. Voilà une thèse qui ne peut laisser indifférent. (shrink)

L’auteur d’une introduction et d’une traduction de l’Abrégé de musique de Descartes aux éditions Méridiens-Klincksieck en 1990 revient sur la scène philosophique avec la publication d’un second ouvrage sur Descartes. «Le propos du présent ouvrage est de dégager la contribution proprement cartésienne à l’esthétique [...], de repartir du texte cartésien pour y saisir le statut de la dimension esthétique», peut-on lire sur la quatrième de couverture. Entreprise nouvelle s’il en est, et c’est pourquoi l’ouvrage se présente comme un essai philosophique, (...) au sens d’un livre à thèse, d’un livre à risques: «[...] l’absence d’une esthétique explicitement donnée par Descartes semble faire de notre propos une gageure», annonce d’emblée Pascal Dumont. L’essentiel consiste dès lors à savoir si cet ouvrage vient combler un manque cruel dans les études sur Descartes, en révélant une face trop peu connue de celui-ci jusqu’alors, ou à l’inverse si l’absence simple et nette d’intérêt de Descartes pour ce qu’on appelle aujourd’hui l’esthétique, ne fait pas de tout discours visant à «restituer au cartésianisme [...] sa potentialité esthétique» un bavardage vain. La publication de cet ouvrage dans une collection fort respectable semble indiquer à elle seule que Pascal Dumont ouvre la voie à un type d’étude qui en vaut la peine. Mais l’ouvrage lui-même nous en convainc-t-il? (shrink)