RésuméL’article se propose d’interroger la philosophie de la psychiatrie à partir du registre de la quotidienneté, et des questions que les bouleversements de cette dimension de l’expérience dans les psychoses sont susceptibles d’adresser à une phénoménologie du quotidien. Si cette dernière représente une jonction entre clinique et philosophie, elle questionne les articulations entre conditions transcendantales de l’expérience, construction d’une forme concrète de l’ordinaire, et incarnation d’une valeur sociale et anthropologique normative. La quotidienneté ouvre ainsi à une réflexion réciproque entre philosophie (...) et psychiatrie, sous ses aspects à la fois clinique, épistémologique et éthique. (shrink)

Le renouvellement de la compréhension des concepts de normal et de pathologique qu’opère Georges Canguilhem vise le champ de la médecine somatique. La référence à la psychopathologie, quoique succincte, y joue néanmoins un rôle d’importance, puisque Canguilhem lui accorde un statut de précurseur et de révélateur d’une conception de la maladie comme valeur et altérité qualitativement hétérogène au normal. Mais l’examen de ce qui fait la spécificité de la psychopathologie semble aboutir à un paradoxe : est-il possible de concilier le (...) fait que la qualification d’un état comme pathologique émerge du malade lui-même et la méconnaissance de l’état de maladie, symptôme essentiel de certaines pathologies psychiques? (shrink)

This paper explores the possibility of understanding schizophrenic delusion through the role of a primary alteration of subjective experience. Two approaches are contrasted: the first defines schizophrenic delusion as a primary symptom resisting any attempt to understand, whereas the second describes delusion as a secondary symptom, to be understood as a rational reaction of the self. The paper discusses the possibility of applying this second approach to schizophrenic delusion. This leads us to raise the issue of the specificity of psychotic (...) experiences and to wonder whether some accounts of delusion arising in neurological disorders can be generalized into psychotic delusion. A few points are addressed, demanding clarification and the rephrasing of some assumptions implied by the model of a secondary delusion. These points call for an interaction between clinical descriptions, neurocognitive explorations and a philosophical analysis of psychotic subjective experiences. (shrink)