Catherine Chalier est professeure à l’UFR de philosophie de l’université Paris Ouest-Nanterre. Elle a publié de nombreux livres sur le judaïsme, la philosophie morale, la spiritualité. Dans Lire la Torah, elle expose les principes, les ressources et les enjeux de la lecture spirituelle de la Torah à quoi s’identifie la tradition religieuse du judaïsme.

La conscience, largement répandue dans le monde entier, des problèmes liés au réchauffement climatique n’existerait pas sans les travaux du Giec, le Groupe international d’experts de l’ONU sur l’évolution du climat. Sa création et ses méthodes constituent une innovation décisive en matière d’expertise, puisque jamais auparavant on n’avait réuni un groupe international de savants évaluant la production scientifique mondiale et rendant publics leurs résultats. Même le débat complètement biaisé animé par les « climato-sceptiques » présuppose la reconnaissance d’une instance experte (...) inédite. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, Anouk Barberousse, philosophe des sciences, revient sur ce qui fait du Giec une communauté d’expertise originale 1. (shrink)

Contre la critique platonicienne, Aristote a confié au théâtre la charge d’une opération mimétique associant à la valeur épistémique de la fable la fonction politique d’une catharsis collective des passions, produite par la représentation théâtrale. Qu’en est-il de ces thèses aujourd’hui, où aller au théâtre n’est plus un rite politique? En quoi l’art du théâtre peut-il contribuer à l’expérience des spectateurs, comme connaissance du monde et comme formation subjective? En dépit des critiques de Deleuze et de Foucault, on réhabilitera la (...) notion de représentation dans son rapport à l’expérience. On soutiendra la valeur esthétique et politique de la narrativité théâtrale, non pour récuser les gestes de subversion du sens des années 70, mais pour en reprendre l’intention critique par d’autres voies. (shrink)

Jérôme Beauchez est sociologue, maître de conférences à l’université de Lyon/Saint-Étienne, et membre de l’équipe « Cultures publiques » du Centre Max Weber. Dans son premier livre, L’Empreinte du poing. La boxe, le gymnase et leurs hommes 1, il mène une enquête ethnographique au sein d’une salle de boxe anglaise d’une ville de l’Est de la France. Dans l’entretien qui suit, il revient sur les enjeux de l’ethnographie aujourd’hui, en situant son enquête à la convergence de la sociologie urbaine américaine (...) de Mitchell Duneier, de l’anthropologie de Clifford Geertz et de la sociologie culturelle de Jeffrey Alexander. Il prend clairement ses distances avec l’ethnographie inspirée par la sociologie de Pierre Bourdieu. C’est l’occasion de constater que si l’ethnographie n’est pas tout à fait un sport de combat, elle constitue un champ de questions théoriques passionnées, et un instrument irremplaçable pour la découverte des mondes contemporains, de leurs drames, de leurs combats et des résistances qui s’y affirment. (shrink)

Dans ses derniers textes, Lyotard convoque la figure de l’enfance pour opérer une critique de la doctrine humaniste de l’éducation, qui aboutit à une opposition de l’enfant et de l’homme. Il soutient que toute institution et toute culture, si nécessaires soient-elles, doivent se garder d’écraser l’enfance, et rester fidèles à sa voix inarticulée et presque inaudible. Après avoir vérifié dans les théories pédagogiques de Kant la pertinence de cette critique, on cherche ici à en tirer des conséquences sur la vie (...) des institutions, la valeur de la tradition et des grandes œuvres, la mémoire et la symbolisation. L’inquiétude de Lyotard invite à penser que la fidélité à l’enfance engage aussi une fidélité ironique aux institutions, qui laisse ouvertes toutes les dialectiques de l’éducation.In his last texts, Lyotard refers to the figure of childhood through a criticism of the humanist doctrine of education, which results in an opposition between child and man. Lyotard affirms that all institutions and cultures, if they are necessary, must abstain from repressing childhood and maintaining loyalty to it’s inarticulate and almost inaudible voice. After reviewing, through the analysis of Kant’s pedagogical theories, the relevance of this criticism, we point out its consequences on the life of institutions, the value of tradition and of great works, memory and symbolization. The disquiet of Lyotard invites us to consider that loyalty to childhood also promises an ironic loyalty to institutions, leaving them opened to all the dialectics of education. (shrink)

This is a paper about how we relate to institutions. Its aim is two-fold: accounting for what it is to ‘trust an institution’, and cashing out the right attitude to have towards public institutions. The descriptive account shows that ‘trusting institutions’ is a complex and ambivalent phenomenon, which oscillates between proper trust (as a two-place relation) and mere reliance, depending on the social function of the institution at hand. The normative proposal highlights the merit of a liberal form of trust (...) in public institutions, as opposed to totalitarian and libertarian attitudes. To do this, the paper, reviewing a large set of public and private institutions, focuses on two cases, healthcare and educational institutions. (shrink)

Marie-José Mondzain, philosophe, est directrice de recherche au CNRS. Elle a publié des livres sur l’image, entre autres, Image, icône, économie (Seuil, 1996), L’image peut-elle tuer? (Bayard, 2002), Le Commerce des regards (Seuil, 2003) ; des livres sur la peinture : Van Gogh ou la Peinture comme tauromachie (Éd. de l’Épure, 1996), Henri Cueco, vol. 2 (Cercle d’Art, 1997), L’Arche et l’Arc-en-ciel, Michel-Ange – la voûte de la chapelle Sixtine (Le Passage, 2006). Sa réflexion sur l’image l’a conduite à collaborer (...) avec des gens de théâtre et de cinéma, et à participer à des ouvrages collectifs : L’Assemblée théâtrale, 1 (Éd. de l’Amandier, 2002) et 2 ( La Représentation, Éd. de l’Amandier, 2004), Voir ensemble. Autour de Jean-Toussaint Desanti (Gallimard, 2003, coll. « Réfléchir le cinéma »), Le Cinéma et la Shoah. Un art à l’épreuve de la tragédie du xx e siècle (sous la dir. de J.-M. Frodon, Cahiers du Cinéma, 2007). Elle vient de publier Homo spectator (Bayard, 2007). (shrink)

Emerson et Thoreau ont donné à la philosophie le sens d’une manière de vivre, consacrée à l’élévation de la conscience et à l’amélioration de soi. Par leur conception esthétique de la vie philosophique, ils se situent dans une tradition qui va de Platon au pragmatisme, mais ils sont également proches de la pensée orientale par leur injonction à mener une vie éveillée, au sens bouddhiste. La réforme morale et l’esthétique de soi participent à un être éveillé par quoi la vie (...) philosophique se sépare de la vie ordinaire, traditionnellement dénoncée comme sommeil. En associant le corps et la conscience dans l’ascèse de l’éveil, Emerson et Thoreau annoncent les disciplines propres à la soma-esthétique. (shrink)