Dans la pensée politique contemporaine, la construction de l'Union européenne apparaît souvent comme une réalisation des idéaux les plus élevés du rationalisme politique européen, qui impliquerait un dépassement de la forme de l'État-nation au profit d'une entité de type nouveau, capable d'incarner une politique « postnationale ». Une étude historique de la notion d'Europe dans la philosophie conduit plutôt à distinguer entre deux grandes idées politiques; le concept cosmopolitique d'Europe correspond bien aux idéaux actuels, mais il exclut l'idée d'une unité (...) politique distincte; le concept européen de politique tend à unifier le territoire, la puissance et la protection des droits, mais il est lié à la formation de l'État-nation, par opposition à l'Empire; le problème posé par l'idée d'une « Europe politique » est peut-être de combiner ces deux notions. In contemporary political thought, the construction of the European Union is often interpreted as the realisation of the highest rationalist ideals, the consequence of which would be to go beyond the Nation-State, towards « postnational » politics. A historical examination of the notion of Europe in philosophy induces to distinguish between two great political ideas. The cosmopolitic concept of Europe is very close to actual ideals, but it excludes anything like a separate political body; on the other hand, the European concept of politics unites territory, power and protection of rights, but it seems historically linked to Nation-State as opposed to Empire. The problem of a « political Europe » is to combine these two concepts. (shrink)

Jusqu’au récent référendum sur le projet de Constitution européenne, la nature des rapports entre les Français et l’Europe ne semblait plus guère poser de problèmes auprès de la plupart des commentateurs : malgré la persistance de sentiments anti-européens dans certains secteurs minoritaires de l’opinion, il n’était pas douteux que..

Contrairement à une idée couramment admise aujourd’hui, la politique moderne ne se fonde pas seulement sur la défense et la promotion des droits de l’homme, mais aussi sur un effort pour recréer des pouvoirs légitimes dans un monde où l’autorité ne peut se fonder ni sur la nature, ni sur la tradition, ni sur la transcendance ; cet effort s’est traduit pas l’émergence, entre le XVIIIe et le XXe siècle d’un ensemble cohérent de compromis entre la logique libérale et les (...) exigences propres de la puissance, dont la politique contemporaine est aujourd’hui assez éloignée. On peut donc considérer que nous sommes sortis de l’« âge classique de la modernité », ce qui conduit à poser la question des conditions d’une synthèse nouvelle entre la liberté et la puissance. (shrink)