Au début du mois d'août 1934, Husserl fut invité par Emanuel Radl à prendre part au huitième Congrès international de philosophie qui devait se tenir à Prague du 2 au 7 septembre de la même année. La situation politique allemande interdisait que Husserl et d'autres philosophes se rendissent à l'étranger, aussi Radl demanda-t-il à Husserl de lui envoyer une communication épistolaire destinée à être lue lors des débats. Husserl rédigea donc une lettre, la « Lettre pragoise » — qu'on lut (...) en séance et qui fut publiée d'abord dans le quotidien Prager Tageblatt, puis dans les Actes du colloque² —, mais, outre cela, un texte plus long consacré au même thème : la tâche actuelle de la philosophie. C'est ce texte dont on lira ici la traduction. De multiples péripéties et des circonstances diverses ont empêché que Husserl envoie à temps ce texte plus achevé; quelques indications données par lui-même dans sa correspondance³, avec Patocka notamment, montreni qu'il n'en était pas entièrement satisfait et qu'il souhaitait revoir au moins le début. Ces remaniements vont peu à peu déboucher sur la célèbre conférence de 1935 sur la crise des sciences européennes, qui est fort proche du présent texte bien que le point de départ n 'en soit plus désormais l'interrogation sur le rôle de la philosophie, mais la critique des sciences. Quoi qu'il en soit, la « conférence de Prague » inaugure la série des textes qui aboutiront à la dernière grande œuvre de Husserl, La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale dont l'essai qu'on va lire est, en quelque sorte, la toute première esquisse. (shrink)
The way of conceiving what a text is comes from an understanding of the sources of meaning; this conception stems from a philosophical position not only on language but also on discursive practices such as interpretation and translation. From an example borrowed from the Bible, and from the conception that Ricœur develops of what he means by “text,” we will show what impasses lead to interpretations and, therefore, to translations that refuse to situate the sources of meaning in the texts.
Leo Strauss reconnaît, en 1970, qu'il doit tout ce qu'il a découvert d'important en matière de discours exotérique à Lessing. La présente étude cherche à montrer d'abord le bien-fondé de cette affirmation en explorant ce que le jeune Strauss a pu puiser chez Lessing dans les travaux qui l'occupèrent de 1921 à 1937. Cet examen nous conduit aussi à ce qu'ont pu dire de Lessing Rosenzweig et Cohen (et qui va dans le sens de ce que Strauss en comprenait) qu'aux (...) textes de Lessing luimême où, effectivement, Strauss a considérablement puisé, et qui sont bien l'une des sources principales de ses problématiques et de ses orientations. Leo Strauss, in 1970, admits that everything of importance that he discovered in the field of esoteric discourse he owes to Lessing. This study (the following study) attempts to show, first off, the validity of this statement by examining what the young Strauss could have drawn from Lessing in the work that occupied him from 1921 to 1937. This includes what Rosenzweig and Cohen may have said of Lessing (more or less what Strauss himself understood of him), as well as Lessing's own texts from which Strauss did draw considerably, which are surely one of the principal sources of his problematics and orientations. (shrink)
La tradition philosophique moderne et contemporaine est maintes fois référée au texte biblique en obéissant à des intentions très diverses; mais lorsqu’elle le fait en cherchant à solliciter son autorité, on constate qu’elle hésite toujours à reconnaître une dette à l’égard de la Bible. Or cette dette est patente si l’on admet que la philosophie ne puise pas seulement à une source ontothéologique strictement hellénique, et si l’on peut montrer à quel point la question de l’historicité, du temps historique, n’a (...) cessé d’être probléma- tique dans les système philosophiques des deux derniers siècles. La présente étude cherche à montrer comment le texte biblique, dès la Genèse, introduit une innovation culturelle majeure: une autre conception de l’historicité. (shrink)
La critique du Tout est l'axe recteur de tout ce qu'écrit Rosenzweig, au début de L'Étoile, en introduisant la notion de méta-: « Le Tout ne peut plus prétendre être tout: il a perdu son caractère unique. » Ainsi la notion de « méta- » a-t-elle pour fonction de préserver l'irréductible position ontologique de chacune des trois sphères et leur unicité. Or l'identité de la pensée et de l'être « présuppose une non-identité interne » qui permet précisément à la pensée (...) de s'identifier à l'être. Et Rosenzweig entend dénoncer comme un deus ex machina toute synthèse qui s'imposerait alors, tandis que le préfixe « méta- » est destiné à souligner l'impossibilité d'une inclusion, la non-identitification de ce qui doit être considéré comme irréductible (Dieu, monde, homme). To criticize the Whole is the leading line of all Rosenzweig wrote at the begining of The Star… introducing his « meta- » notion: « The whole can't no more claims to be all: it as lost ist uniqueness. » So the « meta- » notion has at ist function to preserve the irreductible ontologic position of each of the three spheres and their singularity. But the identity of the thought and the being « presupposes an internal non-identity », wich precisely allows the thought to be identified with the being. And Rosenzweig intends to denounce as an deux ex machina every synthesis wich then would be imperative, whereas the « meta- » prefix is to emphasize the impossibility of inclusion, the non-identificable of what has to be considered as irreductible (God, World, Man). (shrink)
Par bien des aspects, Nietzsche peut être considéré comme un philosophe prophétique, même s'il n'emploie lui-même pour se caractériser que la formule « poète-prophète ». Mais, au regard de la conséquence nécessaire de sa conception de la volonté de puissance — à savoir, la doctrine de l'éternel retour —, il devient difficile de maintenir un statut de prophétisme réel dans la mesure où Nietzsche, avec cette doctrine, entend saisir l'unique dynamique possible de l'histoire comme succession de conversions de valeurs, et (...) sauver tout le passé devenu tout aussi nécessaire que l'avenir est prévisible. In good many aspects, Nietzsche could be considered as a prophetic philosopher, even if he uses for characterizing himself only « poet-prophet » formula. But in view of the necessary consequences of his will to power conception, i. e. the eternal return doctrine, a status of real prophetism could be hardly maintained insofar as Nietzsche, with this doctrine, means to understand the only possible dynamics of history as a succession of transvaluations, and to save all the past, turned as necessary as the future is forseable. (shrink)
Le texte que Paul Ricœur a prononcé en ouverture du colloque qui lui avait été consacré en novembre 1987 à Grenade s’intitule « Autocompréhension et histoire »1 et entendait d’emblée mêler une présentation de sa propre démarche à une réflexion située sur le plan d’une « anthropologie philosophique ». En reprenant l’historique de ses propres œuvres pour en indiquer...