Comment connaître Dieu? Est-il légitime de faire de son essence l’objet de la méthode, d’appliquer à sa nature et à ses attributs les modes de connaissance définis par cette méthode, à savoir l’induction, la déduction voire l’intuition? Comment défendre la possibilité d’une intellection claire et distincte de l’essence de Dieu, telle que la représente son idée, et faire droit à l’incompréhensibilité attachée à son infinité? Le paradoxe de la métaphysique cartésienne consiste à la fois à revendiquer la possibilité de connaître (...) Dieu à partir de son essence, selon la « vraie définition » qu’en donne son idée innée, et à poser l’incompréhensiblité de cette essence, irréductible à ce que la raison peut en déterminer. C’est sur ce paradoxe que s’élaborent une « science parfaite » de Dieu et un traité de ses attributs, que Descartes déclare avoir tous « expressément prouvés ».Le Dieu de la métaphysique n’est toutefois pas seulement objet de science; il suscite aussi la plus « violent des passions » : sa connaissance et la preuve de tous ses attributs n’ont en effet d’autre utilité que de nous conduire à son amour, lequel procure des « satisfactions » et « des contentements qui valent incomparablement davantage que nos petites joies passagères ». (shrink)
Quel sens la philosophie a-t-elle donné à la définition biblique de l’homme comme image de Dieu ? Au cours du XVIIe siècle, que l’on qualifie d’augustinien, la reprise de ce thème scripturaire se fait-elle en fidélité à l’évêque d’Hippone ? Le point de départ de notre analyse sera Descartes et le texte injustement négligé de la Troisième Méditation, tout entier consacré à cette notion de l’homme comme image de Dieu. Nous passerons ensuite à l’étude de Pascal, pour constater que, paradoxalement, (...) c’est l’auteur que l’on qualifie le plus indiscutablement d’augustinien qui donne le moins d’ampleur à cette notion. A travers ces exemples, et en y ajoutant le contre point que représente, par rapport à Pascal, la philosophie de Fénelon, c’est ce que signifie être augustinien à l’Âge classique que nous souhaiterions pouvoir éclaircir.What specific meaning can Philosophy gives to the biblical assertion of human being as an image of God ? During the XVIIth century, which is recognized as an Augustinian one, is the interpretation of this topic made in reference to Augustine ? We will begin our analysis with Descartes and the text of the Third Meditation, unjustly disregarded by scholars, but all dedicated to this notion of human being as imago Dei. We will follow our study with Pascal, and we will have to notice that, paradoxically, he is the author who is considered indisputably as Augustinian but in the same time the one who gives the less extent to this notion of imago Dei. Through these examples, and with the additional consideration of Fénelon’s philosophy, we intend to precise what being an Augustinian means during the early modern Ages. (shrink)
Descartes choisit de donner à sa première publication métaphysique, la forme et le titre de « méditations ». Cette dénomination est un sujet d'études traditionnel du commentaire cartésien qui l'associe généralement à un exercice religieux, issu de la spiritualité jésuite. Nous souhaiterions renouveler cette interprétation et montrer que la forme méditative de la métaphysique n'est ni une rhétorique ni une pratique religieuse mais qu'elle représente une méthode proprement philosophique. De plus, ce n'est pas aux exercices d'Ignace de Loyola que semble (...) se référer la méditation cartésienne mais bien plutôt à la pensée d'Augustin.Descartes chose to give to his first metaphysical publication, the form and the title of meditations. This denomination is a traditional topic of Cartesian commentary, which generally relates it to a religious exercise, derived from Jesuitical spirituality. We wish for changing this interpretation by asserting that the meditative form of Metaphysics is not a question of rhetoric neither of religious practice but it represents a purely philosophical method. Moreover, it is not to Ignace de Loyola's exercises that Cartesian meditation seems to refer but rather to Augustine's thought. (shrink)