Au moment où il entreprend d'élaborer une preuve de l'existence de Dieu dont la force soit susceptible d'entraîner l'adhésion de tout esprit qui entend le sens des mots utilisés, s. Anselme veut faire appel à une notion de Dieu admise par tout le monde. Que signifie en effet ce mot Dieu, sinon, ce par rapport à quoi on ne saurait rien concevoir de plus parfait? La notion de Dieu et celle de la perfection la plus grande possible sont done, à (...) ses yeux, si intimement unies qu'on peut les employer l'une pour l'autre. Penser Dieu et penser 1'être le plus parfait possible, ce serait une seule et même chose. (shrink)

S'il est un point que les réflexions contemporaines sur le temps ont mis en relief et inscrit profondément dans notre conscience, c'est que l'avenir qu'on espère dépend directement du présent qu'on réalise. Telle est notre attitude en face du présent, telle elle sera inéluctablement en face de l'avenir; et donc l'avenir lui-même, puisque ce dernier n'est rien sinon un présent caché encore, au cœur d'un présent déjà actuel, et explicite. Il est en effet de l'essence même de notre condition humaine (...) d'avoir un présent structuré et comme stratifié. Certes on peut imaginer le présent comme un point sans épaisseur, comme la limite évanescente entre un segment de ligne qui marque le passé à jamais révolu, et l'avenir qui se meut vers nous pour basculer inexorablement vers le non-être en franchissant ce présent. Mais cette image, utile pour bien des tâches, ne correspond d'aucune manière à la réalité vivante de la conscience humaine et des activités qui lui sont propres. Nous sommes dans le présent ce que nous sommes et ce que, en un sens, nous croyons pouvoir dire que nous avons été. Une grande partie de ce que nous appelons le passé, notre passé personnel et sans doute notre passé spécifique, est présent, non seulement à titre de souvenir, pouvant être, ou non, évoqué, mais à titre de schéma dynamique modifiant notre être-au-monde, notre présente réaction au réel le plus réel, à la situation où nous avons à déployer notre activité. (shrink)

M. K.T. Gallagher a entrepris la t^che difficile d'introduirele public philosophique américain dans l'univers de la pensée de Gabriel Marcel. Tâche difficile, non pas tant parce que la mentalité américaine serait plus qu'une autre réfractaire à cette pensée—on pourrait faire remarquer en effet l'influence exercée très tôt sur la formation et l'évolution de la pensée marcellienne par J. Royce—mais en raison de la nature toute particulière de la manière m≖me dont Marcel philosophe.

The article that follows is the second part of a study on Freedom prepared by the author for the International Dictionary of the Basic Terms of Philosophy and political Thought. The first half of the essay appeared in Philosophy Today, Summer 1960, pp. 126-136.