Did Freud present a scientific hypothesis about the unconscious, as he always maintained and as many of his disciples keep repeating? This question has long prompted debates concerning the legitimacy and usefulness of psychoanalysis, and it is of utmost importance to Lacanian analysts, whose main project has been to stress Freud's scientific grounding. Here Jacques Bouveresse, a noted authority on Ludwig Wittgenstein, contributes to the debate by turning to this Austrian-born philosopher and contemporary of Freud for a candid assessment of (...) the early issues surrounding psychoanalysis. Wittgenstein, who himself had delivered a devastating critique of traditional philosophy, sympathetically pondered Freud's claim to have produced a scientific theory in proposing a new model of the human psyche. What Wittgenstein recognized--and what Bouveresse so eloquently stresses for today's reader--is that psychoanalysis does not aim to produce a change limited to the intellect but rather seeks to provoke an authentic change of human attitudes. The beauty behind the theory of the unconscious for Wittgenstein is that it breaks away from scientific, causal explanations to offer new forms of thinking and speaking, or rather, a new mythology. Offering a critical view of all the texts in which Wittgenstein mentions Freud, Bouveresse immerses us in the intellectual climate of Vienna in the early part of the twentieth century. Although we come to see why Wittgenstein did not view psychoanalysis as a science proper, we are nonetheless made to feel the philosopher's sense of wonder and respect for the cultural task Freud took on as he found new ways meaningfully to discuss human concerns. Intertwined in this story of Wittgenstein's grappling with the theory of the unconscious is the story of how he came to question the authority of science and of philosophy itself. While aiming primarily at the clarification of Wittgenstein's opinion of Freud, Bouveresse's book can be read as a challenge to the French psychoanalytic school of Lacan and as a provocative commentary on cultural authority. (shrink)
The following interview took place between Jacques Bouveresse and Hilary Putnam on May 11, 2001 in Paris at the Collège de France. Sandra Laugier was present, preserved the transcription, and proposed that we publish the text here. It was translated into English by Marie Kerguelen Feldblyum LeBlevennec and lightly edited by Jacques Bouveresse, Juliet Floyd, and Sandra Laugier. Themes covered in the interview include the question of Wittgenstein’s importance in contemporary philosophy, Putnam’s development with respect to realism, especially in philosophy (...) of mathematics, and the differences and motivations for realism in mathematics, physics, and ethics. The editors thank Marie Kerguelen Feldblyum LeBlevennec for her translation, and Jacques Bouveresse, Mario De Caro, and Sandra Laugier for permission to publish this transcription. (shrink)
Une distinction entre la perception et la sensation a semblé nécessaire à la plupart des théoriciens et des philosophes, notamment parce que des sensations très différentes peuvent donner lieu à des perceptions identiques et des sensations qu'il y a tout lieu de croire identiques à des perceptions très différentes. Si tout le monde est en gros d'accord depuis longtemps pour admettre qu'il faut beaucoup plus que des sensations pour avoir une perception d'objet, il est plus difficile de dire en quoi (...) consiste cet élément supplémentaire qui doit s'ajouter à la sensation, et de quelle façon il réussit à se combiner avec elle pour donner la perception. On dit souvent que percevoir n'est pas sentir, mais avant tout juger. Mais l'identification de la perception à une simple forme particulière de jugement se révèle, à bien des égards, aussi insatisfaisante que pourrait l'être sa réduction à la simple sensation. A travers des auteurs comme Helmholtz, Husserl, Frege, essentiellement sur la nature du lien particulier qui unit la pensée à la sensation dans la perception et, plus précisément, sur la question de savoir si le jugement doit être considéré comme un accompagnement et une résultante de la perception qui le motive ou, au contraire, comme un constituant essentiel de celle-ci. (shrink)
Herman Parret and Jacques Bouveresse Introduction. As Rosenberg remarks, " Understanding ... is evidently difficult to understand" (in this volume, p. 29). ...
The Viennese satirist Karl Kraus called progress a ‘standpoint that looks like movement’ and a ‘mobile decoration’: a politically useful slogan devoid of content. Despite his tendency to think in the revolutionary mode of the tabula rasa, Ludwig Wittgenstein was a cultural conservative, sceptical of progress. He shares this pessimistic scepticism with some, but not all, of the early twentieth-century Viennese writers he read enthusiastically. It would, however, be too simple to claim that Wittgenstein did not believe in the possibility (...) of progress. Rather, he thought it mistaken to confuse progress with continued movement in one direction. Georg Henrik von Wright, Wittgenstein's student and successor at Cambridge, has discussed the ‘myth of progress’ in Wittgenstinian terms; the relevance of these analyses of progress in contemporary political discourse is examined. (shrink)
Selon une conception traditionnelle de la nécessité, les propositions nécessaires expriment des faits d'un certain type, des faits nécessaires. Notre langage doit comporter des propositions nécessaires, s'il veut pouvoir représenter tous les faits que comporte la réalité. Wittgenstein soutient, au contraire, que les propositions nécessaires ne sont, en réalité, que l'expression déguisée de règles "grammaticales" que nous avons adoptées pour la représentation de la réalité et qui ne nous ont pas été imposées par elle en un sens comparable à celui (...) auquel l'acceptation d'une proposition descriptive ordinaire peut nous être imposée par ce qui est décrit. L'autonomie de la grammaire contraste avec la dépendance des propositions ordinaires par rapport à la réalité et, loin de la remettre en question, en constitue au contraire la condition de possibilité essentielle. Wittgenstein qualifie d'"arbitraires" les propositions grammaticales, en voulant dire par là qu'elles ne sont pas elles-mêmes soumises au genre de responsabilité envers la réalité qu'elles contribuent à déterminer pour les autres propositions. Le paradoxe (que l'on pourrait qualifier de "transcendantal") est que, une fois que la nécessité a été reconnue, il est impossible de dire par quoi elle pourrait avoir été imposée et qu'elle ne peut apparemment s'exprimer autrement que dans des règles arbitraires. La difficulté est de comprendre comment elle peut le faire sans risquer de disparaître purement et simplement. (shrink)
One of Frege’s basic philosophical convictions has been that “a large part of the philosopher’s work consists—or at least should consist—in a fight against language.”. Besides, it is partly to his having yielded too easily to the deceptive suggestions of natural language that he himself attibuted, at the very end of his life, the failure of his attempt at defining numbers in logicist terms Nevertheless, he remained to the end convinced that the hopes raised by logic, one of whose tasks (...) is “to free us of the chains of language”, can only rest, in the last analysis, upon the possibility to trust the bulk of language and to make use of “such an imperfect instrument” to fight from the inside the uncertain fight that the philosopher must embark upon in order to free himself from its dominion and neutralize or eliminate its most damaging imperfections. (shrink)
Selon une théorie du non-sens, acceptée par la plupart des logiciens, des philosophes et des linguistes, il y a des phrases comme " César est un nombre premier qui sont dénuées de sens à cause de la signification des mots qui y figurent, par oppositions à d'autres, comme " Les borogoves sont végétariens ", qui le sont parce qu'on a pas donné de signification à certains des mots qui y figurent. Frege et, à sa suite Wittgenstein ont proposé une conception (...) du non-sens qui implique, au contraire, que le non-sens d'une phrase ne provient jamais du sens de ses mots, mais toujours de leur absence de sens dans le contexte concerné. C'est de cette façon que doivent être traités, pour Wittgenstein, aussi bien les non-sens mathématiques comme " heptagone régulier construit avec la règle et le compas " que les non-sens philosophiques comme " langage privé ". Le problème des philosophes n'est pas qu'ils utilisent des expressions ou des phrases qui ne peuvent pas avoir de sens, mais que, en dépit de ce qu'ils croient généralement, ils ne leur ont pas donné de sens. (shrink)
Wittgenstein appartient incontestablement à la catégorie des philosophes pour lesquels la tâche de la philosophie est plutôt de comprendre le monde que de le transformer. Comme il le dit et le répète, la philosophie laisse en principe toutes choses dans l'état où elle les trouve. Il n'y a probablement pas de domaine où cette théorie semble plus directement contredite par sa pratique que la philosophie des mathématiques. Comment peut-il critiquer aussi radicalement le platonisme mathématique et en même temps refuser d'accepter (...) les restrictions que le constructivisme tente d'introduire dans les mathématiques, se rapprocher sur certains points autant de l'intuitionnisme et récuser néanmoins explicitement le programme réformiste que Brouwer voudrait imposer? L'explication est probablement à chercher dans l'idée de l'autonomie de la grammaire et de la souveraineté de la pratique, dont les règles n'ont pas besoin du genre de justification que les partisans de l'orthodoxie croient détenir et dont les révisionnistes invoquent l'absence pour exiger des changements plus ou moins radicaux. C'est avant tout l'antijustificationnisme conséquent de Wittgenstein qui lui interdit d'envisager un changement de logique ou un bouleversement de nos pratiques mathématiques motivés par des considérations philosophiques. (shrink)
Ces Entretiens sont à la fois l'autobiographie intellectuelle d'un des philosophes les plus au fait de quelques-uns des grands débats contemporains et un plaidoyer pour un style de pensée modeste, rigoureux et ironique. Jacques Bouveresse appartient à cette génération des jeunes assistants qui, dans les années 1960 montèrent à l'assaut d'une Sorbonne un peu poussiéreuse et à dominante spiritualiste. La véritable nouveauté pour lui ne fut cependant ni la linguistique, ni le marxisme, ni la psychanalyse, mais la logique " moderne (...) " qu'on tenait alors pour exotique et marginale. Adversaire-né de tous les conformismes, introducteur en France des philosophes logiciens Frege, Russell, Carnap contenté de plaider pour la philosophie analytique ; il a tracé d'emblée la voie d'une certaine résistance intellectuelle, qui s'alimente autant à l'ironie viennoise d'un Kraus ou d'un Musil, qu'à une relecture très personnelle de Nietzsche. (shrink)
Le possible et le probable constituent les deux notions centrales autour desquelles Musil a ordonné sa philosophie du devenir de l'humanité et sa conception de l'histoire.
Aborde de nombreux thèmes, notamment : la vérité en mathématiques, la construction du vrai dans le développement cognitif de l'enfant, la procédure de Ramsey et le problème du réalisme scientifique, les relations de l'astrophysique et de la cosmologie avec l'observation.
Pour Schlick, la tâche de la philosophie de la nature n’est pas de se prononcer sur la validité du principe de causalité, mais de clarifier son sens, par la réduction de la notion de causalité à celle de « nomicité ». Schlick défend une conception de la causalité humienne : la nécessité signifie simplement la régularité. Mais le seul moyen de conserver la nécessité, tout en la définissant par l’universalité, serait de l’identifier à la notion d’universalité non pas quelconque, mais (...) nécessaire. Et le prix à payer pour l’abandon de l’axiome causal, même s’il ne peut être considéré comme présupposition nécessaire, serait très élevé.From Schlick’s point of view, the task of Philosophy of Nature is not to decide about the validity of the causality principle, but to elucidate its meaning, by reducing causality to « nomicity », thus by defuning causality in Humean terms, as a mere regularity. But the only way both to save necessity and to define it by universality would be to identify it, somehow, to a necessary universality. And the price for abandoning the causal axiom would probably be too high. (shrink)
Bertrand Russell est convaincu qu’une application stricte, par tout le monde, du principe selon lequel on doit s’efforcer de ne croire, autant que possible, que des choses vraies ou qui du moins ont des chances raisonnables d’être vraies, si elle introduirait assurément des changements importants dans la vie sociale et politique, n’aurait pas le genre de conséquences catastrophiques que l’on prédit généralement. L’illusion et le mensonge ne sont peut-être pas indispensables à la vie en société à un degré aussi élevé (...) qu’on le croit la plupart du temps. Ils ne devraient en tout cas pas l’être dans des sociétés qui ont la prétention d’être réellement démocratiques. (shrink)