Hervé Barreau | : Dans la Leçon inaugurale au Collège de France et dans un article de 1942 que Lavelle écrivit sur la pensée religieuse d’Henri Bergson, nous trouvons des témoignages frappants sur l’héritage spirituel que Lavelle reçut de Bergson : d’abord, un encouragement à rompre avec le positivisme et le kantisme ; ensuite, une doctrine du réalisme spirituel que Lavelle interpréta comme une théorie de la participation ; et enfin, une valorisation du passé où Lavelle vit « l’avenir de (...) l’avenir » et le lieu jamais immuable de la constitution de la personne. | : In his Inaugural Lecture at the Collège de France and in an article on Henri Bergson’s religious thought (1942), published shortly after Bergson’s death, one finds striking testimonies of the spiritual inheritance Lavelle received from Bergson : first an encouragement to break with positivism and Kantianism ; second, a doctrine of spiritual realism which Lavelle interpreted as a theory of participation ; and finally, an enhancement of the past wherein Lavelle saw “the future of the future” and the never immutable place for the constitution of the person. (shrink)

Restituer la pensée d'Aristote c'est retrouver les problèmes qu'il s'était lui-même posés, sans avoir le souci de ce que la postérité pourrait y trouver par la suite pour éclairer ses propres problèmes. Le Corpus de l'œuvre d'Aristote est constitué de notes de cours inédits, qui furent probablement corrigées et augmentées tout au long d'une carrière d'un enseignant chercheur. Elles n'étaient pas destinées à la publication. Quand on les étudie aujourd'hui, il faut donc s'armer de la conviction qu'Aristote, même s'il a (...) dépassé son temps, puisque son œuvre a été exhumée presque trois siècles après sa mort, appartient néanmoins à son époque, à la fois par sa formation et par les auditeurs ou lecteurs qu'il pouvait y trouver. Son œuvre, élaborée dans un climat platonicien qu'elle critique, propose une réforme de la pensée, qui est intéressante en elle-même, même si elle s'est trouvée reprise ou, au contraire, rejetée au cours des âges qui l'ont suivie. Pour l'apprécier vraiment, il faut se garder de tout anachronisme, c'est-à-dire de la projection des problèmes d'un temps sur un temps antérieur, où ces problèmes n'étaient pas apparus. Si un auteur est grand, c'est sans doute parce que la postérité peut s'y instruire, mais on se ferait une fausse idée de cette grandeur si on la réduisait à l'usage qu'on a pu déjà en faire ou qu'on peut en faire aujourd'hui. La vraie grandeur réside dans les pas que cet auteur a accomplis en son temps, et qui ne dispensent pas d'en fournir d'autres, même si l'exemple ancien est digne d'être retenu. (shrink)

Bien qu’il ait été dans sa jeunesse un admirateur de la philosophie de Spencer, Bergson fit dans sa thèse, Essai sur les données immédiates de la conscience, une critique sévère de la conception spencérienne de l’espace et du temps. Cependant ses études de psychologie amenèrent Bergson à ne plus réserver l’espace à la matière et le temps à la conscience, et la question de l’Evolution, que s’était posée Spencer se posa de nouveau à Bergson. Ce dernier la résolut en posant (...) l’existence d’un « élan vital » qui a toutes les propriétés de la « durée créatrice ». C’est un nouvel évolutionnisme auquel correspond un nouveau positivisme, car le mécanisme se trouve réservé à l’explication de la matière inerte.Though Bergson was, as a young philosopher, full of admiration for the philosophy of Spencer, he severely criticized the spencerian conceptions about space and time in his thesis Les Données immédiates de la conscience. However Bergson was led by his psychological studies no more to restrict space to matter and time to consciousness so that the question of Evolution, formerly handled by Spencer, was set again by Bergson. The « vital impulse » of Bergson, which is the motor of Evolution, has all the properties of « creative duration ». The result is a new evolutionism, which is also a new positivism, because mecanism only holds for inert matter. (shrink)

The hermeneutic context of scientific activity requires that scientific discovery be attributed not only to historical factors but also to transcendental factors (in the sense exemplified by Kant and Husserl, but without their respective idealism). Together these factors can account for a scientific discovery. This is manifest in the invention of Relativity by Einstein. Thomas Kuhn considered the first factors and neglected the seconds. As a consequence the "paradigms" are, for him, incommensurable. But this negligence is the effect of a (...) "positivism of mentalities" which replaced in Kuhn the positivism of facts. This residual positivism is not alleviated by the relativist theses that the last Kuhn borrowed from his colleague, the philosopher Quine. In the line of this positivism and relativism, the successors of Kuhn and Quine are obliged to under-estimate the value of scientific knowledge. (shrink)

La reconnaissance accordée en sciences cognitives (Van Gelder et Varela) à l’analyse husserlienne du présent mental en termes de rétention et protension a manqué sa radicalité transcendantale, qui est aussi la limite de cette analyse. Si l’on recherche dans la subjectivité l’origine de notre sens du temps, il ne suffit pas de revenir au présent mental par réduction du temps objectif, il faut élargir aux aspects grammaticaux et aux rythmes biologiques l’éventail des moyens d’accès au temps d’un sujet incarné dans (...) le monde de la vie. (shrink)