Dans cet article, je propose de relire l’épistémologie de du Châtelet à l’aune de la question de l’autorité. Je montre que les outils méthodologiques convoqués dans les premiers chapitres des Institutions de physique (1740), à savoir le principe de non-contradiction, le principe de raison suffisante, ainsi que la théorie des hypothèses du chapitre 4, peuvent être compris comme des moyens de contrôler l’usage des systèmes des grands auteurs que sont Descartes, Leibniz et Newton. Ils permettent en effet d’éviter les dangers (...) du dogmatisme que représentent l’esprit de parti et l’idolâtrie. Ce faisant, je défends que l’une des originalités de l’épistémologie de du Châtelet est d’intégrer à sa théorie de la physique une réflexion sur la meilleure manière de gérer les autorités scientifiques. Cette perspective a l’avantage de court-circuiter la question traditionnelle des influences ou des filiations de du Châtelet, pour lui préférer celle de la façon dont elle use de la tradition. (shrink)

The following article studies the paradoxical influence of Leibniz on Diderot’s materialism. Indeed, by using the principle of identity of indiscernibles, the principle of continuity and the idea that force is inherent to matter. Diderot develops a materialistic explanation of the apparent order of nature that he opposes to the empirical finalism, as well as to metaphysical finalism of “Leibniz, Newton and Clarke”.

Dans Passions de l’intérêt. Matérialisme et anthropologie chez Helvétius et Diderot, Sophie Audidière entreprend de réinventer une autre modernité philosophique (p. 13) en s’intéressant à la place centrale de la notion d’intérêt dans le corpus matérialiste français, particulièrement chez Diderot et Helvétius. Comme le pose de manière éclairante l’introduction, il s’agit alors d’opérer une double distanciation : d’une part, avec l’historiographie cousinienne héritée du XIXe siècle, qui procède...