Figurines de terre cuite (H. Aurigny, Fr. Croissant) Tous les fragments sont désormais enregistrés dans la base FileMakerPro, terminée pour l’essentiel en 2013 et complétée en 2015. La mission prévue en 2014 ayant été annulée par l’École française d’Athènes pour raisons budgétaires, un réexamen à distance de l’ensemble du matériel avait néanmoins permis d’en esquisser à distance le classement typologique et d’élaborer quelques hypothèses, qui ont pu être vérifiées et affinées sur place en mai...

Depuis la redécouverte des frontons du temple du IVe siècle, dont le point de départ avait été en 1971 la reconstitution de la figure centrale du fronton Ouest, celle-ci a fait l'objet d'une double critique, concernant d'une part la validité même du rapprochement entre la tête et le torse, de l'autre l'identification de la statue avec le Dionysos mentionné par Pausanias. Mais par un étrange amalgame la seconde objection — la seule sérieuse car elle se fondait sur une réelle difficulté (...) iconographique (Dionysos apparaît ici dans l'attitude et avec le vêtement d'Apollon Citharède) — est venue paradoxalement renforcer la première, engendrant un scepticisme latent, qui a déjà semé dans la bibliographie, notamment dans le LIMC, une inquiétante confusion. Un ouvrage récent consacré à la typologie d'Apollon Citharède risquant de l'aggraver encore, on essaie de faire ici, dans l'espoir d'y mettre un terme, l'historique de ces discussions inutiles. (shrink)

Si la constatation d'une ressemblance exacte entre l'«Éphèbe agenouillé» de Samos et les personnages de l'Olpè Chigi impose d'y reconnaître une œuvre corinthienne, le type du visage semble à première vue isolé dans le contexte protocorinthien. C'est pour tenter d'en reconstituer la genèse que l'on réexamine ici l'ensemble des représentations du visage dans la peinture et la plastique corinthiennes du vne siècle : après une phase d'expérimentation se constitue progressivement, dès le second quart du siècle, un type de profil anguleux (...) et vertical qui restera longtemps la structure de référence. Et c'est la synthèse, sans doute réalisée d'abord au niveau de la grande peinture dont les miniatures de l'olpè, comme l'avait vu Payne, impliquent l'existence, de cette structure avec un type syrophénicien qui permet d'expliquer le visage original de l'éphèbe d'ivoire. A partir du Corinthien Ancien la coexistence du visage protocorinthien avec des types orientaux devient d'ailleurs de plus en plus fréquente, et conduit à la création de types mixtes, où la structure traditionnelle est fortement orientalisée. Celle-ci n'en traversera pas moins presque intacte toute la première moitié du vie siècle : l'analyse des documents du Corinthien Moyen et Récent montre qu'elle se maintient au moins jusqu'à la fin de la peinture de vases à sujets figurés, sous la forme d'un visage au dessin assoupli, mais strictement fidèle à la structure ancienne. L'une des têtes chryséléphantines de Delphes en fournit un magnifique exemple : l'attribution de cette statue à un atelier corinthien s'impose, et conduit accessoirement à remettre en question l'hypothèse trop vite admise d'une triade, les deux autres statues étant vraisemblablement samiennes. Les reliefs miniaturistes en ivoire également trouvés dans la favissa de Delphes s'intègrent d'ailleurs eux-mêmes, aussi bien par la typologie des visages que par le répertoire iconographique, dans la plus ancienne tradition corinthienne. L'attribution souvent proposée d'une partie d'entre eux à la Laconie s'avère sans fondements solides, et cette constatation conduit à reprendre la question si controversée des origines du Cratère de Vix. Comme l'ont soutenu Gjedesen et Vokotopoulou, le cratère est bien sans doute une œuvre purement corinthienne, mais rien n'interdit de le situer, avec Jucker et Rolley, dans le troisième quart du vr siècle : il y attesterait simplement de l'étonnante stabilité des structures formelles qui caractérise le style corinthien, et qui en rend l'histoire à la fois si difficile et si exemplaire. (shrink)