Le rôle majeur que jouent les sciences et les techniques dans les sociétés modernes et les mutations profondes qu’elles connaissent exigent de nouveaux moyens d’analyse. On ne peut désormais comprendre l’activité scientifique qu’en replaçant ses logiques propres dans leur contexte social. Il s’agit de saisir la pratique actuelle des sciences, en révisant les notions constitutives de leur histoire et de leur philosophie, comme l’expérimentation ou la preuve ; de penser les sciences en société, lorsqu’elles quittent le laboratoire et qu’elles interviennent (...) dans les grandes questions économiques, politiques et sociétales (OGM, nucléaire, etc.) ; de faire le point sur le statut des études récentes sur les sciences ( Science Studies ), en montrant ce qu’elles ont apporté de décisif, mais aussi ce qu’elles ignorent. Des laboratoires européens du XIXe siècle à la Silicon Valley aujourd’hui, c’est en s’appuyant sur de nombreux exemples historiques que ces études sont menées. Les savoirs scientifiques, mais aussi managériaux et économiques, participent à la mise en place de la société néolibérale, faisant surgir des questions cruciales comme celle de la possibilité d’une participation démocratique aux choix scientifiques et techniques, ou celle du sens de la notion de développement durable. C’est pourquoi la visée finale de ce livre est essentiellement politique. (shrink)

Fallait-il inventer l'agriculture? Que se passe-t-il quand une région d'Afrique est totalement administrée par des médecins coloniaux? Qui a inventé la pisciculture? Et les SMS? Comment les animaux identifient-ils les plantes qui les soignent? Que savent les agriculteurs sur les semences? La guerre de 1914-1918 a-t-elle été une guerre des sciences? En partant de situations exemplaires mais peu connues, les cinquante-deux auteurs, tous spécialistes de leur domaine, qui ont participé à ce livre foisonnant, montrent comment se réapproprier les sciences et (...) les techniques. À travers ces petites histoires toujours surprenantes et très accessibles, les auteurs révèlent en effet que la production des institutions scientifiques et techniques fonctionne bien autrement que l'image qu'elles veulent donner d'elles-mêmes, celles de savoirs inaccessibles au commun des mortels. On découvrira, au contraire, que les productions et les savoirs scientifiques transforment en permanence la société et l'environnement via les brevets, la consommation et les usages. C'est bien la raison pour laquelle les sciences nous concernent. En bref, un livre aussi instructif que démystificateur, pour en finir avec le rapport "magique" à la science dans lequel scientifiques et ingénieurs tendent à enfermer les citoyens que leurs productions concernent pourtant au premier chef. Remettre la science en démocratie, en somme : c'est précisément l'objectif que s'est donné l'association d'éducation populaire Les Petits Débrouillards, promoteur et porteur de cet ouvrage. (shrink)

The `co-productions' of science and society have undergone dramatic changes in recent decades. However, contrasts between `Mode 1' and `Mode 2' are not compelling inhistorical terms. This essay will argue that, in fact, they offer too naturalistic and a-political a picture.

What I consider in this paper are various forms of government, various technologies and discursive regimes of government that are in common use today. What interests me are the categories and tools, practical dispositifs and languages that developed over the last decades ‘to constitute, define, organize, and instrumentalize the strategies that individuals, acting freely, may use to deal with one another’ (Foucault). The paper considers first the neo-liberal wish to reassert the individual as alone in responsibility for his/her own life (...) after the unfortunate digression into Welfare Statism and Keynesian economics, source of all ills. It then focuses on some material and social technologies that encourage people to accept full and complete ‘self-sovereignty’. This section leads to a discussion on the new demands (and resistance) society imposed on this liberal normative ideal. It notably considers the growing demands to ‘participate’ in decision processes and to be environmentally friendly. In section Les Mots et Les Choses: A New Discursive Regime , it considers the discursive regime that progressively took shape and which currently permeates international governance bodies of all stripes—from the World Bank to the Conference of Parties for Climate Change. In the final section, it comes back to the initial question and considers what these changes actually mean for the democratic order as constituted over the past 250 years. (shrink)