Le present livre propose l'etude de la constitution, durant le haut Moyen Age latin, d'une position philosophique: le realisme de l'immanence a propos des universaux. Cette position est fondee sur la conviction qu'il existe, dans le monde qui nous entoure, certes des individus particuliers - ce tilleul, cette tortue -, mais aussi des entites universelles. Ces entites n'existent pas separees des individus, mais integralement realisees en eux, sans variation ni degre. Cet engagement philosophique resulte d'une exegese des Categories d'Aristote, reinterpretees (...) selon des philosophemes issus de la pensee de Porphyre. La genealogie de cette position est ici retracee en abordant successivement ses sources tant grecques que latines et ses ancetres patristiques (avant tout Gregoire de Nysse), puis son elaboration conceptuelle durant les premiers siecles du Moyen Age latin jusqu'a la critique qu'en donnera Pierre Abelard, et ce, par l'analyse de l'ontologie des quatre philosophes qui l'ont soutenue: Jean Scot Erigene, Anselme de Canterbury, Odon de Cambrai et Guillaume de Champeaux. Ce parcours permet de dessiner les contours d'un projet philosophique: comprendre, analyser et decrire le monde sensible au moyen des concepts issus de la logique aristotelicienne. (shrink)

Nell'alto medioevo vi erano tre possibilità per il filosofo che volesse difendere l'esistenza degli universali: in primo luogo ante rem, seguendo la linea platonico-agostiniana degli universali trascendenti e questa è la via teologica; in secondo luogo la via post rem, cioè la via del concettualismo, conosciuta oggi come astrattismo, per cui gli universali sono il prodotto dell'astrazione della mente e questa è una via logica; la terza via è quella in re e difende gli universali immanenti che esistono negli universali (...) ed è una risposta ontologica. La seconda via fu difesa da Boezio nel secondo commento a Porfirio. La prima teoria è stata generalmente accettata da tutti i filosofi dell'alto medioevo eccetto Abelardo, mentre la terza via, quella degli universali immanenti, che ha come fonti antiche l'Isagoge di Porfirio e le Categoriae di Aristotele, fu difesa principalmente da quattro autori: Giovanni Scoto Eriugena, Anselmo d'Aosta, Odone di Cambrai e Guglielmo di Champeaux. L'A. prende in esame e confronta le soluzioni di Anselmo di Canterbury e Odone di Cambrai. (shrink)

This chapter analyzes the explanation of resemblance provided by the twelfth-century Latin philosopher Gilbert of Poitiers. As Gilbert holds that everything that exists is particular and rejects immanent universals, he is in need of an explanation for the resemblance of co-specific properties. His solution stems from a complex consideration of exact resemblance, which he calls ‘conformitas,’ based upon a thorough reflection about properties, as for him, only properties and not individuals can be exactly similar. In order to discuss his theory (...) of resemblance, the chapter first offers a reconstruction of the main tenets of Gilbert’s particularist ontology; it argues that Gilbert can adequately be categorized as a trope theorist. Gilbert analyzes the metaphysical constitution of an individual as a set of hierarchically organized co-present tropes, starting from an essential nucleus. For Gilbert, a universal is a collection of properties gathered on the basis of resemblance. At the end of the chapter, the possible role of divine ideas in his explanation of resemblance is discussed. (shrink)

The fourth-century thinker and theologian Gregory of Nyssa was a convinced realist about universals. According to him, there is just one substance man for all the individuals of the species man and this universal substance is completely instantiated by each individual. In two of his treatises – the Ad Ablabium and the Ad Graecos – he draws linguistic consequences from this realist position. This enquiry results in the thesis according to which it is incorrect to use natural kind terms in (...) the plural form, because that would involve stating a plurality of substances, when in fact there is just one substance for all the individuals of a given kind. In consequence, since the substance of all individual human beings is the same, the word ‘man’ can only be used adequately in the singular form. In this contribution, Gregory's reasoning is reconstructed. In the second part of the paper, the posterity of his theory and its endorsement by Theodore Abū Qurrah at the turn of the eighth and ninth centuries are examined. (shrink)

La problématique philosophique d’Erigène – catégories, universaux, individuation – se noue autour de la notion d’ousia, comprise soit comme l’essence générale, genre suprême unique, soit comme substance particulière. En opposition aux Catégories, Jean Scot défend un réalisme radical, concevant l’individuation comme accidentelle et le particulier comme un rassemblement de propriétés universelles. Guillaume de Champeaux reprendra cette position dans sa théorie réaliste dite de l’essence matérielle.

Résumé Cet article a pour but de montrer comment le penseur du IV e siècle Marius Victorinus a utilisé une thèse de la logique aristotélicienne dans son œuvre théologique, plus précisément dans sa démonstration de l’incorrection du concept d’ homoioousion (« de substance semblable ») et dans sa défense de la justesse du concept d’ homoousion (« de substance identique ») pour parler des personnes de la divine Trinité. Marius Victorinus argumente sur la base de la définition que donne Aristote (...) du propre de la qualité, selon laquelle il ne peut y avoir de ressemblance en matière de substance sous peine d’une confusion catégoriale, car la ressemblance appartient exclusivement à la catégorie de la qualité. Un concept postulant une similarité de substance est donc logiquement incorrect. Cette critique a le mérite de mettre en lumière la difficulté, au moins exégétique, à se réclamer des Catégories d’Aristote pour développer une théorie des universaux basée sur la ressemblance et non l’identité. (shrink)

Le penseur byzantin du neuvième siècle Photius a consacré plusieurs courts traités à la question catégoriale, commentant neuf des dix catégories aristotéliciennes une à une. Il est aussi revenu dans deux courts textes – les Amphilochia 27 et 230 – sur la question de la prédication. Il s’interroge dans ces deux traités sur le mode de prédication propre aux termes « homme » et « humanité », analysant notamment le référent de ces termes. Ces réflexions contiennent plusieurs thèses significatives de (...) son ontologie particulariste. (shrink)

In his major work, the Periphyseon, the ninth century Latin philosopher John Scottus Eriugena gives, with the help of what he calls "dialectic", a rational analysis of reality. According to him, dialectic is a science which pertains both to language and reality. Eriugena grounds this position in a realist ontological exegesis of the Aristotelian categories, which are conceived as categories of being. His interpretation tends to transform logical patterns, such as Porphyry's Tree or the doctrine of the categories, into a (...) structure which is both ontological and logical, and to use them as tools for the analysis of the sensible world. The combination of dialectic interpreted as a science of being, capable of expressing truths about the sensible world as well as about discourse, with an ontological interpretation of logical concepts allows Eriugena to develop his metaphysical theory, a strong realism. Eriugena not only supports a theological realism, but also, and principally, an ontological realism, the assertion of the immanent existence of forms. Eriugena claims that genera and species really subsist in the individuals: they are completely and simultaneously present in each of the entities which belong to them. (shrink)

The question of the simultaneity of relatives is one of the most debated aspects of Aristotle’s theory of relational properties. Are they exceptions to the rules of co-introduction and co-suppression for a pair of relatives? The present article studies a particular chapter of the long history of this problem, the contribution of three Byzantine thinkers of the ninth century. Their discussion is embedded in the complex phenomenon of the Iconoclast crisis. For reinvigorating their discourse on icons, these iconophiles thinkers deployed (...) Aristotelian logic, notably by treating the model and the image as Aristotelian relatives. This move implies tackling the issue of the simultaneity of relatives. Metrophanes, Nicephorus and Theodore solved it in three different ways which the present article reconstructs. (shrink)

Résumé Porphyre fait subir dans l’ Isagoge une inflexion platonicienne au système ontologique des Catégories d’Aristote et investit les catégories d’une signification métaphysique. Plusieurs penseurs du haut Moyen âge – les réalistes – ont amplifié et explicité cette métaphysique. La lecture et l’usage ontologiques de l’ Isagoge par Jean Scot Erigène, dans son Periphyseon, est à ce titre un cas d’école. Influencé par le néoplatonisme tardif de Proclus, Jean Scot se sert des outils conceptuels de l’ Isagoge pour élaborer son (...) système philosophique. (shrink)

Kant a consacre les dernieres annees de sa vie a l'ecriture d'un ample texte intitule Passage des principes metaphysiques de la science de la nature a la physique et qui, acheve, aurait ete la clef de voute de sa philosophie critique. Occupe depuis la Critique de la raison pure par la question de la liberte morale au sein d'un monde domine par la science et sa vision mecaniciste de la nature, Kant cherche dans l'Opus postumum a mettre au jour une (...) nouvelle fois l'identite fondamentale entre la raison theorique et la raison pratique, en appliquant alors a la nature un transcendantalisme materiel. Selon lui, l'identite des deux raisons releve en derniere instance d'une raison infinie divien qui sous-tend le systeme de la raison dans son ensemble. (shrink)