Bernard Bourgeois. CHAPITRE III POLITIQUE ET PHILOSOPHIE La situation et le rôle de la philosophie dans l'histoire universelle où s'accomplit l'esprit objectif et qui - puisque son élément est l'Etat - consiste essentiellement dans l'histoire ...
Kant, Fichte, Schelling et Hegel, philosophes aussi de l’histoire de la philosophie, ont soumis celle-ci à un ordre intelligible de développement. Chacun d’eux s’est alors employé à présenter ses prédecesseurs comme des moments conduisant à lui-même, tout en soulignant le saut de son surgissement comme auteur de la philosophie enfin parvenue à sa vérité définitive. Mais cette commune revendication les a amenés à s’opposer les uns aux autres. Il faut alors marquer à la fois l’unité d’un progrès de la problématique, (...) qu’on appelle l’idéalisme allemand, et les alternatives qui font se combattre les réponses apportées à celle-là.On a voulu, à travers les études rassemblées ici, nourrir une telle double approche et interroger la philosophie allemande sur les réponses qu’elle offre au sujet de la vie, de la beauté, de la culture, du droit, de la politique, de l’histoire, de la religion et de la philosophie elle-même. (shrink)
Dans la pensée du jeune Hegel, essentiellement théologico-politique, le moment francfortois est le moment critique conduisant à l’achèvement de cette pensée qui, à Iéna, réconciliera l’histoire, vérité de la politique, et la philosophie, vérité de la religion. La proposition finale d’un tel salut à l’homme moderne va clore positivement la négation sévère que Hegel opère des solutions qu’il veut lire dans les abstractions opposées du judaïsme et du christianisme. Le premier est condamné parce qu’il absolutise dans l’existence la différence en (...) rejetant l’identité; le second n’est pas absous parce que, inversement, il privilégie l’identité en méprisant les différences. Hegel leur opposera l’identification, constitutive de la raison, de la différence et de l’identité, dont la future philosophie spéculative construira le développement dialectique. (shrink)
Pour Hegel, l’absolu est esprit. L’esprit est donc principe de tout ce qui a sens et être . Mais c’est seulement une fois qu’il est devenu pour lui-même, objet de lui-même, comme esprit, qu’il agit véritablement.Les grandes figures de l’esprit sont évoquées dans ce recueil comme une auto-différenciation de son identité à soi absolue. L’esprit, qui n’est qu’à se construire en ses Actes, se révèle ainsi toujours vivant au cœur même de leur système.
« Rien n’a de valeur ni de signification inconditionnée, si ce n’est la vie » : tel fut le principe au nom duquel Fichte libéra le Moi d’abord de la puissance apparente de l’objet , puis – par l’approfondissement de sa réflexion vivifiante – de ses propres limites, en découvrant au cœur de lui-même la présence agissante d’un Sujet infini. Mais la célébration de la maîtrise morale de l’être mondain ou de l’amour religieux de l’Être divin se justifia toujours dans (...) le plus rigoureux et le plus scientifique des discours : c’est dans une absolue fidélité à lui-même que le savoir philosophique fichtéen se libère de lui-même. Le présent ouvrage expose les fondements, les étapes et les résultats d’une telle libération philosophique. (shrink)
La philosophie allemande classique fut la première à philosopher sur la philosophie et, notamment, à discerner que, en dépit de sa visée universaliste, cosmopolitique, de discours sur l'homme en général, la philosophie était conditionnée par son contexte culturel particulier dans son effort même de négation de celui-ci.
Si la raison moderne déclarée en son principe par Descartes comme libre affirmation personnelle de l'universel généralise son application avec le projet rousseauiste d'une politique de la liberté, c'est dans l'écartèlement reconnu entre le volontarisme moral de celle-ci et le constat de son destin historique négatif. Le développement de la raison politique moderne est alors, depuis les deux révolutions marquées par l'héritage de Rousseau, celle, pratique, de 1789, et celle, théorique, de Kant, ordonné à la fondation et détermination nouvelle d'un (...) droit essentiellement républicain, c'est-à-dire à la difficile conciliation des deux exigences conjuguées par un rationalisme qui se veut aussi bien une philosophie morale qu'une philosophie historiale de la politique. Les études composant le présent recueil analysent les divers aspects et moments d'une telle raison politique moderne, de leur socle doctrinal à leur insertion historique. On s'est interrogé notamment sur la signification concrète revêtue par eux dans le contexte proprement français, mais également européen et mondial, de leur problématisation aussi la plus actuelle. (shrink)
Cette édition numérique a été réalisée à partir d'un support physique, parfois ancien, conservé au sein du dépôt légal de la Bibliothèque nationale de France, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l'exploitation des Livres indisponibles du XXe siècle. Pages de début Avant-propos I - Philosophie des droits de l'homme 2 - Kant et les droits de l'homme 3 - Fichte et les droits de l'homme 4 - Hegel et les droits de l'homme 5 - (...) Marx et les droits de l'homme Postface Références Pagesde fin. (shrink)
La traduction philosophique d’une pure pensée, dont le seul lieu est le langage, privée du tiers universel qu’est l’expérience médiatisant l’échange culturel, semble devoir assujettir l’une à l’autre la langue traduite et la langue de traduction. Schleiermacher oppose bien deux méthodes : l’une, la bonne, assujettit la seconde à la première ; l’autre, la mauvaise, la première à la seconde. Mais la traduction vraie unit hiérarchiquement les deux démarches comme de simples moments que le traducteur fait s’échanger d’abord en lui (...) dans cette cime supraculturelle de la culture qu’est la philosophie : en lui font mouvement l’un vers l’autre l’acteur pensant dans la langue traduite et le lecteur pensant dans la langue de traduction.The philosophical translation of a pure thought whose sole seat is language, deprived as it is from the universal third party constituted by experience mediatizing cultural exchange seems to subdue reciprocally both translated language and the translation language ; Schleiermacher indeed opposes two methods : the good one subdues the latter to the former, the bad one subdues the former to the latter. But true translation hierarchically unites both steps as if they were mere moments the translator allows to exchange within himself in this supra-cultural summit of culture which is philosophy : in himself there dwells a movement one towards the other both actor thinking in terms of the translated language and reader thinking in terms of the translation language. (shrink)
Dans le Concept preliminaire de l'Encyclopedie des sciences philosophiques la raison hegelienne parle a l'entendement, a notre entendement, son propre langage pour l'introduire a elle par des sentiers moins escarpes que ceux qu'avait empruntes la Phenomenologie de l'esprit. A travers une critique alerte des grands courants philosophiques, Hegel conduit librement son lecteur vers la decision speculative.
Résumé — La philosophie doit choisir entre une conception culturelle de la métaphysique et une conception métaphysique de la culture. L’évocation des conditions d’un tel choix dans le champ de l’idéalisme allemand le montre lié au rôle que l’on fait jouer, dans la morale, à la norme. Des enseignements peuvent en être tirés pour le présent.— Philosophy has to choose between a cultural idea of metaphysics and a metaphysical idea of culture. The evocation of conditions of such a choice in (...) the field of German idealism proves that it is linked to the part that the norm plays in ethics. Teachings can be drawn from it for the present time. (shrink)
La tension, manifestée en 1789, entre l'affirmation des droits de l'homme et la conscience religieuse de l'existence s'aiguise de l'opposition entre, d'une part, le style revendicatif d'une déclaration humaine de ces droits, qui est, au surplus, une déclaration politique, fondatrice d'une législation abstraite, universaliste, et, d'autre part, la préoccupation qu'a la religion de la singularité concrète des individus attendant leur destin comme une grâce divine.
La traduction philosophique d'une pure pensée, dont le seul lieu est le langage, privée du tiers universel qu'est l'expérience médiatisant l'échange culturel, semble devoir assujettir l'une à l'autre la langue traduite et la langue de traduction. Schleiermacher oppose bien deux méthodes : l'une, la bonne, assujettit la seconde à la première ; l'autre, la mauvaise, la première à la seconde. Mais la traduction vraie unit hiérarchiquement les deux démarches comme de simples moments que le traducteur fait s'échanger d'abord en lui (...) dans cette cime supraculturelle de la culture qu'est la philosophie : en lui font mouvement l'un vers l'autre l'acteur pensant dans la langue traduite et le lecteur pensant dans la langue de traduction. The philosophical translation of a pure thought whose sole seat is language, deprived as it is from the universal third party constituted by experience mediatizing cultural exchange seems to subdue reciprocally both translated language and the translation language ; Schleiermacher indeed opposes two methods : the good one subdues the latter to the former, the bad one subdues the former to the latter. But true translation hierarchically unites both steps as if they were mere moments the translator allows to exchange within himself in this supra-cultural summit of culture which is philosophy : in himself there dwells a movement one towards the other both actor thinking in terms of the translated language and reader thinking in terms of the translation language. (shrink)
Déplacée par Kojève et Fukuyama, l'idée hégélienne de la fin de l'histoire universelle, comme fin de l'affirmation des structures universelles désormais connues de l'existence socio-politique, paraît bien se vérifier actuellement. Résolue quant à son principe, sinon en sa réalité empirique générale, l'histoire essentiellement politique s'ouvre dès lors sur une autre historicité, qui exige des États le traitement de problèmes encore plus radicaux intéressant la survie de l'humanité en tant que telle et de son monde.
La philosophie hégélienne du droit proprement dit sait libérer le travail juridique, et dans son côté théorique de définition législatrice du droit, et dans son côté pratique de mise en œuvre judiciaire des lois, de tout rationalisme dogmatique, Hegel a su comprendre et décrire le travail positif des juristes — tout en fixant ses limites — dans sa dialectique la plus propre. Die Hegelsche Philosophie des eigentlichen Rechtes hat die rechtliche Arbeit, teils in deren theoretischer Seite als gesetzgeberischer Bestimmung, teils (...) in praktischer Seite als richterlicher Entscheidung, vom allen dogmatischen Rationalismus befreit. Hegel hat zwar der mannigfaltigen positiven Arbeit der Juristen ihren Grenzen gesetzt, indem er aber dieselbe in ihrer eigensten Dialektik aufgefasst und dargestellt hat. (shrink)
ABSTRACT: In the place of the traditional sequence ascendingfrom culture to philosophy, and then to wisdom —where the progressive internalisation of exteriority is valued—Hegel substitutes a different path. This path leads from wisdom, in which the spirit originally gathers itself into its solitary emptiness, on through culture, which gives itform as determined through the exchange of diverse collective modalities of world mastery, tophilosophy, in its germanic completion. The differentiated identity of philosophy in its Germanic conclusion accomplishes the interiority of wisdom (...) found within cultural alienation, by going beyond both, as does real life. (shrink)