Depuis l'entrée dans l'âge moderne de l'émancipation, c'est-à-dire depuis l'époque des Lumières et de la Révolution française, on admet en général que les juifs ont brisé un carcan qui les confinait dans des communautés fermées pour participer à la modernité européenne sans se renier et tout en restant juifs. Comment ce cheminement a-t-il eu lieu? Qu'a-t-il réellement impliqué, à la fois pour les juifs et pour les sociétés auxquelles ils s'intégraient? Bruno Karsenti reprend le fil de ce récit. Sous l'angle (...) philosophique, il examine les opérations intellectuelles par lesquelles certaines figures d'exception écrivain (Heine), sociologue (Durkheim), historiens (Salvador, Bloch), philosophe (Strauss) et linguiste (Benveniste) sont entrées dans cette modernité, au prix de quelles tensions et de quels efforts : comment ces hommes ont-ils pensé les liens entre judaïsme et modernité, et comment par là ont-ils éclairé les principes des sociétés démocratiques qui sont aujourd'hui les nôtres? À l'heure où les juifs d'Europe sont inquiets de leur avenir jusqu'à être parfois poussés au départ, à l'heure aussi où théologie et politique, loin de régler leurs rapports, se conjuguent en menace pour les démocraties elles-mêmes, ce livre cherche à redonner tout son sens à l'émancipation sociale et politique qui est notre héritage."--Page 4 of cover. (shrink)

Ce volume reprend le problème sociologique de l'Etat pour le reformuler dans des termes au croisement des développements récents d'une philosophie politique soucieuse d'intégrer l'apport des sciences sociales et d'une sociologie politique prête, à partir de ses enquêtes, à questionner ses propres catégories. Deux traductions, tirées de conjonctures qui ont rendu particulièrement saillant le problème sociologique de l'Etat, constituent le point de départ de la réflexion. Celle-ci se poursuit dans une série de contributions, philosophiques et sociologiques, voulant découvrir un concept (...) d'Etat propre à une science sociale du politique. L'enjeu de ce volume n'est pas seulement d'interroger la nécessité de l'Etat pour les formes modernes - entendons démocratiques - de l'organisation politique. Il est de contribuer à spécifier l'Etat dans ce qui le rend socialement nécessaire. Cette démarche ouvre la possibilité d'identifier des critères sur la base desquels l'Etat existant peut être évalué et critiqué à nouveaux frais, à l'écart du cadre libéral dans lequel la critique de l'Etat est ordinairement condamnée à s'enfermer. (shrink)

La singularité du droit pénal, selon Durkheim tient au fait que l'adage « nul n'est censé ignorer la loi»s'y applique sans fiction. Cette connaissance toujours déjà assurée des sujets sociaux que le droit pénal suppose, quel statut lui donner? Et quelle forme particulière de sanction s'en trouve par là déterminée? En étudiant les transformations de la réflexion sociologique sur ce sujet, de Durkheim à Fauconnet, on voudrait poser les jalons d'une conceptualisation du droit pénal qui, sans quitter le plan proprement (...) juridique et sans le réduire à n'être que le reflet ou l'instrument de motivations extérieures, s'efforce de saisir le type de prise qu'il exerce sur les événements et les corps, la façon dont il les dissocie et les réarticule, le découpage qu'il opère dans la réalité avec une précision et une exactitude qui n'ont rien d'absolu, puisqu'au fond, elles ne relèvent que de lui. (shrink)

The essay moves from the tension between society and humanity, between nationalism and cosmopolitism, in order to discuss the sociological concept of the State according to Emile Durkheim. The author criticizes Pierre Bourdieu who maintains that the Durkheimian State was only the expression of the French republican society at the end of the 19th century. The State should be instead for Durkheim the organized expression of the authority existing in every society. Unlike what happens in modern political theory, in particular (...) in Hobbes and Rousseau, the sociological State is not the sum of the forces, but rather the result of a mental process that links individuals to their state organization. Precisely for this reason the state is «the organ of social thought», which allows subsequent deliberations through the mediation between rulers and ruled, without presupposing individuals but producing continuously the environment of their action. (shrink)

Dans cet essai, nous cherchons à ressaisir le sens politique du structuralisme à la lumière d’un rapprochement inattendu, présenté à la fin de Tristes Tropiques, entre le bouddhisme et le marxisme. On s’est beaucoup interrogé sur ce que le marxisme a apporté en propre à l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss, et cela dès la parution du livre de Lucien Sebag, Marxisme et structuralisme, en 1964. Dans le même temps, le marxisme officiel, dans ses différentes tendances, avait attaqué une approche des structures (...) de l’esprit comme une dérive idéaliste. Nous avons voulu déplacer complètement la question en prenant à la lettre la comparaison audacieuse que risque Lévi-Strauss, en quelques pages, où le marxisme comparaît comme ce qui, en Occident, fait écho à un processus de transformation du monde social dont l’Orient, en son propre sein, a inscrit par avance la possibilité. Ainsi, c’est une différence interne à l’Orient qui sert, en bonne méthode structurale, à penser une différence significative, mais inaperçue, dans notre propre culture. Et la pensée marxiste, inscrite sous le signe d’une volonté de transformation du monde plutôt que d’interprétation, est replacée dans un cadre qui la modalise, en même temps qu’elle en révèle la portée réellement critique. (shrink)

La distinction entre pouvoir et autorité, couramment admise et illustrée en sciences sociales, est plus rarement interrogée dans ses présupposés. En particulier, de quelle vision culturelle une telle distinction est-elle l’expression? À partir de la réflexion de Peterson sur la nature et le statut de la théologie, cet essai se propose d’éclairer la forme chrétienne d’une parole d’autorité, d’en dégager la structure générale et les implications en termes de conduite de vie. Il se concentre sur la définition de la dogmatique (...) chrétienne. À partir de ce point, une frontière précise peut être tracée entre politique et religion. Mais c’est sous la seule condition qu’un espace juridique se détermine dans la seconde comme lieu de formation de jugements théologiques. Ces considérations permettent de revenir sur le débat entre Schmitt et Peterson du point de vue, non de la possibilité ou de l’impossibilité d’une théologie politique chrétienne comme on le fait d’ordinaire, mais du point de vue de la facture juridique des concepts théologiques. (shrink)

Dans cet essai, nous cherchons à ressaisir le sens politique du structuralisme à la lumière d’un rapprochement inattendu, présenté à la fin de Tristes Tropiques, entre le bouddhisme et le marxisme. On s’est beaucoup interrogé sur ce que le marxisme a apporté en propre à l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss, et cela dès la parution du livre de Lucien Sebag, Marxisme et structuralisme, en 1964. Dans le même temps, le marxisme officiel, dans ses différentes tendances, avait attaqué une approche des structures (...) de l’esprit comme une dérive idéaliste. Nous avons voulu déplacer complètement la question en prenant à la lettre la comparaison audacieuse que risque Lévi-Strauss, en quelques pages, où le marxisme comparaît comme ce qui, en Occident, fait écho à un processus de transformation du monde social dont l’Orient, en son propre sein, a inscrit par avance la possibilité. Ainsi, c’est une différence interne à l’Orient qui sert, en bonne méthode structurale, à penser une différence significative, mais inaperçue, dans notre propre culture. Et la pensée marxiste, inscrite sous le signe d’une volonté de transformation du monde plutôt que d’interprétation, est replacée dans un cadre qui la modalise, en même temps qu’elle en révèle la portée réellement critique. (shrink)

The courses by Michel Foucault recently published invite us to approach the question of the State, and more generally that of politics, from the point of view of governing and “governmentality”. Through such concepts surfaces a constant methodological urge to approach things from the outside, to study multiplicities, “connexions with the heterogeneous”, historical configurations where disparate elements interact while remaining disparate. The same approach structures the understanding of this form of governmentality known as liberalism. In order to understand its nature, (...) a long detour was needed into the realm of the Christian pastorate, and into the connection of the heterogeneous in politics that was thus brought about in the West. (shrink)

Résumé Placée sous le signe d’une restauration de la science politique pour l’époque moderne, la pensée de Voegelin tourne autour du concept de représentation, dont elle renouvelle complètement le sens en le reconduisant aux conditions d’existence d’une société politique. On peut estimer que la confrontation avec la théorie hobbesienne de la personne civile en est l’épicentre. Cet essai s’efforce de restituer cette confrontation, en faisant ressortir l’ambivalence sur laquelle elle repose : le double visage de Hobbes, jugé d’un côté responsable (...) de la théorie abstraite de la représentation qui triomphe depuis le xvii e siècle, de l’autre résistant héroïque au déclin spirituel de la modernité, s’efforçant de forger un nouveau corpus mysticum dans un contexte où l’institution ecclésiale ne joue plus le rôle de garant. Plus radicalement, à travers la lecture voegelinienne de Hobbes, c’est le sens de ce que le christianisme fait subir à l’ épistémé politiké classique qui est soumis à l’examen. En reconstituant cette lecture, on fait apparaître pour finir les difficultés sur lesquelles Voegelin vient buter, dans la tâche restauratrice qu’il assigne à la pensée moderne tout entière. (shrink)

La singularité du droit pénal, selon Durkheim tient au fait que l'adage « nul n'est censé ignorer la loi»s'y applique sans fiction. Cette connaissance toujours déjà assurée des sujets sociaux que le droit pénal suppose, quel statut lui donner? Et quelle forme particulière de sanction s'en trouve par là déterminée? En étudiant les transformations de la réflexion sociologique sur ce sujet, de Durkheim à Fauconnet, on voudrait poser les jalons d'une conceptualisation du droit pénal qui, sans quitter le plan proprement (...) juridique et sans le réduire à n'être que le reflet ou l'instrument de motivations extérieures, s'efforce de saisir le type de prise qu'il exerce sur les événements et les corps, la façon dont il les dissocie et les réarticule, le découpage qu'il opère dans la réalité avec une précision et une exactitude qui n'ont rien d'absolu, puisqu'au fond, elles ne relèvent que de lui. (shrink)

Cet essai analyse le sens que donne Leo Strauss à l’argument de l’élection des juifs, et tente à partir de là de comprendre sa position à l’égard des différentes options qui s’offrent aux juifs modernes (le retour à la tradition, l’assimilation, le sionisme politique). Le sens politique que Strauss confère à l’élection dans son diagnostic de la modernité et de la place que les juifs y occupent n’exclut pas, mais au contraire éclaire d’une manière nouvelle l’acception théologique du terme. Ce (...) sens s’éclaire par la reprise de la formule talmudique « Si je ne me bats pas pour moi, que suis-je? ». La question finale est alors de savoir quelle signification peut revêtir cette formule dès lors que le juif moderne se voue à la philosophie. (shrink)

Résumé La philosophie de Bruno Latour se traduit dans son dernier livre comme une Enquête sur les modes d’existence. Une lecture de ce dernier livre permet de jeter un regard rétrospectif sur l’ensemble de l’œuvre sociologique et anthropologique de l’auteur, et de la présenter comme une philosophie de l’attention. Cette attention s’aiguise en se portant sur l’ensemble de ces modes, sur leurs différences ontologiques et les bifurcations qu’ils introduisent dans le registre de l’expérience. La question centrale, en se déterminant progressivement (...) comme une question cosmologique et éthique – à quel monde tenons-nous? – infléchit la pratique des sciences sociales en direction d’une philosophie qui soit à la hauteur de ce qu’exige la condition des Modernes. (shrink)

Les sciences sociales, depuis le structuralisme, se sont développées en France sur fond d'ignorance ou de rejet déclaré de la philosophie de type phénoménologique. De son côté, celle-ci a pris un tour qui l'a de plus en plus éloignée des sciences positives en général et des sciences humaines en particulier. Pourtant, lorsque la sociologie, comme c'est le cas aujourd'hui, cherche à cerner la figure de l'acteur social et à interroger les conditions de sa subjectivation - de sa constitution comme sujet (...) social - une confrontation avec cette philosophie pourrait s'avérer fructueuse. Et pour une phénoménologie qui n'a que trop tendance à se confondre avec la forme actuelle de la métaphysique, un retour sur l'inscription sociale de ce qu'elle décrit, et une mise à l'épreuve de la critique sociologique, pourrait en retour être salutaire. C'est dans cet esprit que les auteurs de ce collectif ont tenté de construire des liens, dans une réflexion croisée sur le caractère immédiatement social de la subjectivité et sur la nécessité de penser les conditions d'appropriation de l'espace social par des sujets. (shrink)

La philosophie a toujours eu des problèmes avec l’histoire, qui remet en question sa prétention à accéder à un absolu universel de vérité. Elle a pendant un certain temps considéré qu’elle pouvait se débarrasser de ce problème, donc s’acquitter des obligations qu’elle a à l’égard de l’histoire, en quelque sorte sacrifier à l’histoire, en élaborant deux types de discours dont elle garde directement le contrôle : la philosophie de l’histoire (qui permet à la philosophie de se réapproprier l’his...

One might think that the problem of the subject has been exhausted by the debate that has taken place between post-Kantians and structuralists over the past several decades. In fact, this is true enough—at least if one considers the preferred arguments, the speculative arsenal, that has been mobilized by both positions in this debate. Still, it is now widely claimed, in France and elsewhere, that this debate had been overly theoretical, leaving the real problems of contemporary society quite untouched. With (...) the works Alain Ehrenberg and Pierre-Henri Castel have devoted over the past 10 years to transformations in the self-understanding and psychopathological structures of individuals, the question of the subject.. (shrink)

The Problem of Perception offers two arguments against direct realism--one concerning illusion, and one concerning hallucination--that no current theory of ...

In this paper I examine Grace A. de Laguna’s theory of universals in its historical context and in relation to contemporary debates in analytic metaphysics. I explain the central features of her theory, arguing that her theory should be classified as a form of immanent realism and as a powers ontology. I then show in what ways her theory affords a theory of modality in terms of potentialities and discuss some of its consequences along the way.

A. H. Louie's More Than Life Itself is an exploratory journey in relational biology, a study of life in terms of the organization of entailment relations in living systems. This book represents a synergy of the mathematical theories of categories, lattices, and modelling, and the result is a synthetic biology that provides a characterization of life. Biology extends physics. Life is not a specialization of mechanism, but an expansive generalization of it. Organisms and machines share some common features, but organisms (...) are not machines. Life is defined by a relational closure that places it beyond the reach of physicochemical and mechanistic dogma, outside the reductionistic universe, and into the realm of impredicativity. Function dictates structure. Complexity brings forth living beings. (shrink)

This book argues for the use of nonideal theory in social ontology. The central claim is that a paradigm shift is underway in contemporary social ontology, from ideal to nonideal, and that this shift should be fully followed through. To develop and defend this central claim, the first step is to show that the key questions and central dividing lines within contemporary social ontology can be fruitfully reconstructed as a clash between two worlds, referred to as ideal and nonideal social (...) ontology. Ideal social ontology is characterized by consensus and cooperation, while nonideal social ontology is characterized by conflict and contestation. The second step is to show that, when taken together, objections to the standard model of ideal social ontology (the dominant version of ideal social ontology) imply that this model needs to be given up in favor of nonideal social ontology. In other words, we should look to nonideal rather than ideal social ontology for core concepts. The third step is to offer a positive account, called the power view, of nonideal social ontology. This account places the concept of social power at the core of a general theory of the social world and replaces the flat and narrow conception of power in ideal social ontology with a richer and more extensive conception. In addition, it rectifies a shortcoming in nonideal social ontology by attending to class, which has been notably and oddly overlooked in the literature. (shrink)

This companion is a cutting-edge primer to critical forms of the posthumanities and the feminist posthumanities, aimed at students and researchers who want to catch up with the recent theoretical developments in various fields in the humanities, such as new media studies, gender studies, cultural studies, science and technology studies, human animal studies, postcolonial critique, philosophy and environmental humanities. It contains a collection of nineteen new and original short chapters introducing influential concepts, ideas and approaches that have shaped and developed (...) new materialism, inhuman theory, critical posthumanism, feminist materialism, and posthuman philosophy. A resource for students and teachers, this comprehensive volume brings together established international scholars and emerging theorists, for timely and astute definitions of a moving target – posthuman humanities and feminist posthumanities. (shrink)

I. Ókor -- II. A középkor és a reneszánsz -- III. Az újkor.

On fundamentals of Vedanta and science; a study.

La admirable riqueza cultural y artística del Renacimiento esconde una desoladora miseria y aquella "edad de la abundancia" contrasta con una inmensa pobreza. Lejos de ser una broma o una pesadilla, la celebrada Utopía de Tomás Moro fue antes que nada un desafío insoslayable, pues proponía que ninguna sociedad merece tal nombre si tolera la miseria de un solo pobre. Rico y pobre explora la cuestión en ese libro de 1516 y en otros del escritor londinense para concluir con un (...) esbozo de su vida a la luz de la pobreza como virtud indispensable y libertadora. He aquí un hombre afortunado que no fue indiferente ante el infortunio de tantos y que vio en la humanitas la virtud por excelencia que lleva a una constante atención y cuidado del prójimo. Inspirado por un cambio de actitud en su época, así como por su fe cristiana y la mejor tradición estoica, mostró una robusta preocupación sobre el tema subrayando el valor social que debe tener toda riqueza, tanto a nivel estatal como individual, destacando la grave obligación cívica de los ricos y la necesidad que tienen todos, ricos y pobres, de empeñarse en la práctica de cierto desprendimiento y generosidad si no quieren mermar su propia humanidad y fallecer en su avaricia. La percepción de la miseria había cambiado de tal manera que su remedio ya no podía estar en una u otra limosna en plazas e iglesias, sino en la acción bien pensada y perentoria de todo gobierno que se tenga por justo. Sir Tomás Moro, privilegiado desde la cuna y seguro en su trabajo profesional, vio la pobreza de tantos como un desastre social, pero uno que, al mismo tiempo, debería llevar a todo ser humano a ver en el desprendimiento y generosidad una excelencia o virtud que alumbra la "otra" libertad, y tan íntima y valiosa que en su caso brilló aun en la prisión y ante el horror de una muerte injusta y atroz." -- Page 4 of cover. (shrink)