Les règles de la justice sont, d'après Friedrich Hayek, l'effet d'un ordre spontané et non de la volonté délibérée des hommes. Cette thèse renvoie à une conception de la règle abstraite et générale dont ce livre montre le lien avec les limites de la raison, l'abstraction constituant, selon Hayek, le moyen pour l'esprit de s'occuper d'une réalité que celui-ci ne peut entièrement comprendre. Une "primauté de l'abstrait" s'applique ainsi non seulement à l'ordre social - guidé par les règles abstraites de (...) la justice, mais également à l'ordre sensoriel, c'est-à-dire à notre perception du monde extérieur et aux dispositions à agir qui en résultent. Comment comprendre le lien entre cette primauté de l'abstrait et le libéralisme de Hayek, en particulier concernant sa conception de la "morale du marché" comme discipline des règles abstraites et son rejet de buts particuliers guidant l'action publique? Enfin, Hayek a-t-il eu raison d'attribuer au philosophe empiriste David Hume une telle conception de l'abstraction?"--Page 4 of cover. (shrink)
En s'interrogeant sur les enjeux philosophiques, littéraires, culturels et linguistiques des notions de libéralité et de libéralisme, dans leur lien avec l'adjectif "libéral", cet ouvrage collectif suggère l'existence d'une généalogie commune à ces trois notions. Il dessine ainsi les rapports unissant ce qui convient à l'homme libre et par extension à ce qui permet de l'éduquer et d'élargir ses vues (arts libéraux et éducation libérale), la libéralité entendue comme largesse et générosité mais aussi comme vertu d'user avec mesure de l'argent, (...) et enfin le libéralisme propre aux sociétés commerçantes, mais dont l'appel au seul marché ne suffit pas à préserver la liberté et la civilisation. Philosophes, littéraires, historiens des idées et sociologues se sont réunis pour interroger les liens du libéralisme avec la libéralité et pour cerner de l'antiquité au XIXe siècle ce que recouvrait l'appellation "être libéral"."--Page 4 of cover. (shrink)
Dans l’essai qu’elle consacre au roman de Dickens David Copperfield, Martha Nussbaum affirme que si ce roman montre qu’une union de l’amour et de la moralité est possible, le narrateur y parvient à travers l’écriture du roman et grâce à l’amour « romantique et érotique » qu’il éprouve pour le personage de Steerforth. Je montre au contraire que la forme de moralité que l’amour permet d’atteindre caractérise aussi, dans ce roman, d’autres types d’amour, non-érotiques, notamment l’amour parental, l’amour filial et (...) l’amour chrétien. Je montre également qu’Agnès Wickfield n’est pas dans ce roman le personnage kantien ou le spectateur impartial qu’y voit Nussbaum, de sorte qu’Agnès exprimerait « une position éthique qui diffère de celle qui anime la narration dans son ensemble ». Je montre au contraire qu’à travers l’amour sans jugement qu’elle porte à son père, Agnès illustre précisément, tout comme d’autres personnages qui s’y trouvent, la position éthique générale de ce roman. (shrink)
Seule oeuvre de philosophie morale que Thomas Reid ait publiee, les Essais sur les pouvoirs actifs de l'homme (1788) avaient ete concus a l'origine comme une seconde partie de l'expose final de sa pensee. Ces essais viennent ainsi completer les Essais sur les pouvoirs intellectuels de l'homme (1785) et temoignent de la meme inspiration - une inspiration bien loin de se limiter a la simple philosophie du sens commun qu'on a voulu y voir. Dans ce texte d'une limpidite exemplaire, le (...) philosophe ecossais se presente comme le defenseur d'une conception de la liberte humaine traditionnelle mais solidement argumentee. Reid y developpe en effet toute une serie d'arguments contre les formes modernes de determinisme et en faveur de l'objectivite des distinctions morales. S'appuyant sur une psychologie morale naturaliste qui s'inscrit dans l'esprit des Lumieres, Reid construit ici une veritable anthropologie, que la philosophie de l'action contemporaine redecouvre avec grand interet. (shrink)
La science de l'homme est selon Hume la science première, ce qui signifie que la nature humaine est l'objet même de la philosophie. Mais comment se caractérise cette nature humaine? Et comment une science dont l'objet - l'homme - est aussi le sujet peut-elle se constituer? C'est une autorégulation qui caractérise chez Hume les principes de la nature humaine, et celle-ci peut être envisagée comme un système autorégulé. C'est aussi une autorégulation qui régit la science de la nature humaine, son (...) corrélat. Telles sont les formulations modernes que ce livre se propose d'appliquer à cette " inventivité " de la nature humaine, qui, aux moments critiques du jeu antagoniste de ses principes, effectue les " changements de direction " destinés à assurer les rééquilibrages indispensables à sa survie, tant du côté du système de l'entendement que du côté du système des passions. Dans le premier domaine on réfléchit sur les ajustements propres à l'imagination, dont la logique vitale préserve des excès de la logique stricte. Dans le domaine des passions, on fait apparaître comment un principe aussi fondamental que l'" amour du gain " au sens humien se réoriente spontanément vers cette construction autorégulée d'artifices et de conventions qui soutiennent finalement l'ensembledu système social. (shrink)
Dans les Dialogues sur la religion naturelle de Hume, ce sont en réalité deux formes de l’argument du dessein que le sceptique Philon affronte successivement. D’une part, l’argument du dessein entendu comme un raisonnement causal de nature analogique. D’autre part, la « croyance naturelle » de l’homme en un dessein, liée à cet évident ajustement des causes finales que mettait notamment en avant le Newtonien Colin Maclaurin. Après une réfutation implacable de l’argument expérimental du dessein, Philon finit par admettre l’efficace (...) de la religion naturelle sur certains esprits : par cette restriction, Hume montre que l’évidence du dessein n’a rien d’une croyance instinctive. (shrink)
L’article discute la lecture par Hayek de trois philosophes qu’il a inscrits dans une « tradition de l’ordre spontané » : Mandeville, Hume et Ferguson. C’est à bon droit qu’une mise en évidence, et même une valorisation, de l’ordre spontané, se trouvent identifiées par Hayek chez ces auteurs. Néanmoins, certaines distorsions peuvent être repérées dans les lectures hayékiennes. Ainsi, l’ordre spontané présent dans le texte mandevillien relève d’une évolution par croissance des institutions, des techniques et des règles humaines, ou encore (...) d’une sélection « par essais et erreurs », mais non, comme le voudrait Hayek, d’une sélection par concurrence des groupes les pratiquant. Ainsi encore, l’ordre spontané repéré par Hayek dans l’émergence de l’ordre social et juridique chez Hume se trouve à tort identifié à un mécanisme impersonnel et abstrait de coordination des conduites analogue à la « main invisible » du marché. La convention humienne renvoie bien plutôt à une coordination consciente et résolue des actions, appuyée sur un véritable sens de l’intérêt commun. Enfin, autant Hayek repère judicieusement chez Ferguson une thématique de la formation spontanée des établissements humains, autant Hayek, en se focalisant sur l’analyse fergusonienne des mécanismes protecteurs des biens et des personnes propres aux sociétés marchandes, manque la contrepartie de ce constat chez ce même auteur, à savoir, l’analyse fergusonienne du déclin de la liberté politique dans ces mêmes sociétés marchandes. Or cette prise en compte pourrait permettre de mettre en question une opposition chère à Hayek : celle du « concept essentiellement français de liberté politique » et de « l’idéal anglais de liberté individuelle ». (shrink)
L’objet de cet article est de confronter les thèses de l’essai de Hume Superstition et enthousiasme, paru en 1741 dans le recueil des Essais moraux et politiques, à quelques-uns des développements que Hume consacre à ces deux formes de religion ou à ces deux modalités de la religion dans son Histoire d’Angleterre, parue entre 1754 et 1761. Il s’agira ainsi de contribuer à restituer, grâce à un examen de l’Histoire, l’intégralité de la position de Hume sur la question de la (...) superstition et de l’enthousiasme [1] Pour présenter l’intégralité de cette position, il... [1] . L’enjeu d’une telle restitution n’est pourtant pas seulement interne aux études humiennes : il consiste également à montrer comment une narration historique circonstanciée a pu permettre à un philosophe devenu historien de préciser – voire d’amender – une certaine critique « philosophique », à la généralité parfois ambiguë, sur l’enthousiasme et la superstition. Ce faisant, le présent article pourrait permettre d’ajouter un nouvel axe aux articles réunis dans le cadre de ce volume. La confrontation des « crises religieuses » et de la « critique philosophique » de l’enthousiasme s’entend en effet d’abord de la manière suivante : les critiques philosophiques de l’enthousiasme s’inscrivent sur fond de crises religieuses ou, mieux, sont suscitées par elles. Mais on peut penser aussi – et c’est ce que j’entends montrer, pour ma part, à travers l’évolution de Hume sur la question de l’enthousiasme et de la superstition – qu’une étude proprement historique des crises religieuses peut avoir pour effet de moduler ou d’amender une critique philosophique des passions religieuses, quand bien même cette dernière (comment en serait-il autrement pour une philosophie empiriste ?) entendait prendre appui sur l’histoire. (shrink)
L’objectif de ce dossier est d’interroger les liens qui unissent la philosophie et la littérature sous le double point de vue des savoirs et des formes de pensées que contribuent à produire les textes philosophiques et les textes littéraires, envisagés dans leur confrontation ou leur interaction ; et de la dimension pratique de ces savoirs et de ces pensées, dès lors qu’ils sont engagés dans la dynamique d’une expérience transformatrice de soi et du monde. Il s’agit donc d’abord de nourrir (...) u... (shrink)
Les points d’accord entre Rawls et Hume vont au-delà du seul repérage des « circonstances de la justice ». Même si Hume se trouve attaché à la théorie utilitariste de l’impartialité que Rawls rejette, Hume n’est pas, selon Rawls, « à proprement parler » utilitariste : il a su reconnaître l’idée selon laquelle les institutions doivent fonctionner dans l’intérêt de chacun. L’idée d’une coopération sociale en vue de l’avantage mutuel est donc commune à ces deux auteurs. Ils partagent, en outre, (...) une attitude similaire face au « problème de la confiance » en lien avec la stabilité de la justice : l’un et l’autre ajoutent ainsi à la solution extérieure qu’est l’institution étatique, un facteur intrinsèque de stabilité, à savoir, le sens de la justice. L’idée de « justice procédurale » et le rejet, corrélatif, d’un critère indépendant du juste, les relie également ; d’où, enfin, une certaine analogie des critiques respectivement adressées à ces deux auteurs. (shrink)
Dans l’essai qu’elle consacre au roman de Dickens David Copperfield (« Le bras de Steerforth : l’amour et le point de vue moral »), Martha Nussbaum affirme que si ce roman montre qu’une union de l’amour et de la moralité est possible, le narrateur y parvient à travers l’écriture du roman et grâce à l’amour « romantique et érotique » qu’il éprouve pour le personage de Steerforth. Je montre au contraire que la forme de moralité que l’amour permet d’atteindre caractérise (...) aussi, dans ce roman, d’autres types d’amour, non-érotiques, notamment l’amour parental, l’amour filial et l’amour chrétien. Je montre également qu’Agnès Wickfield n’est pas dans ce roman le personnage kantien ou le spectateur impartial qu’y voit Nussbaum, de sorte qu’Agnès exprimerait « une position éthique qui diffère de celle qui anime la narration dans son ensemble ». Je montre au contraire qu’à travers l’amour sans jugement qu’elle porte à son père, Agnès illustre précisément, tout comme d’autres personnages qui s’y trouvent, la position éthique générale de ce roman. (shrink)
L'intersecnonnalité est devenue en quelques années un concept central aussi bien en sciences sociales qu'au sein des luttes sociales en particulier féministes. Forgée pour penser l'imbrication des rapports de domination l'intersectionnalité constitue aujourd'hui un champ d'études et d'expérimenta rions théoriques foisonnant. Pour la première fois en France des universitaires abordent ses multiples dimensions épistémologigues. théoriques. poli tiques et les recherches récentes qu'elle a permis d'ouvrir dans des espaces aussi différents que la France, l'Amérique latine ou l'Europe de l'Est. Que peut (...) nous offrir cette notion pour penser le genre la théorie féministe et les mobilisations sociales? Comment contribuer à pro mouvoir un usage de l'intersectionnalité qui renforce son potentiel critique et insurgé", plutôt que figé sur des identités? Cet ouvrage témoigne à partir d'exemples de la force d'un tel outil lorsqu'il s'agit d'éclairer des processus sociaux et politiques complexes. En offrant un regard à la fois rétrospectif et contemporain sur les enjeux politiques de la production d'un savoir intersectionnel, il veut aussi montrer que l'intersection naine n'est pas seulement un agencement de critique théorique indispensable mais aussi une plate forme à partir de laquelle construire des sujets poli tiques collectifs nécessaires au projet d'émancipation féministe et de la société."--Page 4 of cover. (shrink)
“Dalla filosofia dell’azione alla filosofia della mente” è stato il percorso di alcuni filosofi di nazionalità varia degli anni 1980 – come Paul Churchland negli Stati Uniti o Ansgar Beckermann in Germania – che prima si sono interessati agli aspetti più teorici nella filosofia dell’azione, come il modo di funzionamento delle azioni e la loro spiegazione scientifica, e che poi, con l’arrivo e la diffusione dei personal computers e delle scienze cognitive, hanno ampliato e approfondito questo interesse di ricerca e (...) si sono dedicati alla filosofia della mente più in generale e in particolare alla spiegazione scientifica e filosofica del mentale. Sandro Nannini faceva parte di questo movimento ed è stato uno tra gli inizialmente pochi filosofi italiani che si sono occupati di questi argomenti; successivamente ne è diventato uno dei maggiori specialisti in Italia, proponendo una sua particolare versione di naturalizzazione del mentale. Subordinata agli interessi teorici è stata la sua iniziativa accademica di fondare e promuovere il primo dottorato italiano di ricerca in Scienze Cognitive. Il presente volume tratta dell’opera di Sandro Nannini in contributi che sono riflessioni più o meno specifiche sulle differenti tappe del suo percorso, affrontando temi come l’analisi dell'azione, il libero arbitrio, la discussione di Nannini di vari classici della filosofia, la tendenza del naturalismo a dissolvere la filosofia in un enciclopedismo empirico e la sfida dei qualia e della fenomenologia all’approccio naturalistico alla mente. Il volume contiene inoltre un saggio dello stesso Sandro Nannini, nel quale espone l’ultimo sviluppo della sua filosofia della mente nonché le risposte agli interventi degli altri autori: Mario De Caro, Sara Dellantonio, Rosaria Egidi, Roberta Lanfredini, Christoph Lumer, Paolo Parrini, Pietro Perconti, Claudio Pizzi, Emanuela Scribano e Giuseppe Varnier. (shrink)
The Physiological Library’s catalogue shows that Hume had access to Malebranche’s sixth edition of De la recherche de la vérité while a student in Edinburgh.1 The Recherche is also included in the David Hume’s Library.2 While Hume did not agree with Malebranche on all things, a number of commentators have argued that Hume borrowed many points from Malebranche, not only concerning causality and the famous example of the billiard balls3 but also on other subjects. Charles McCracken’s Malebranche and British Philosophy (...) compares Hume and Malebranche on causation, self-knowledge, kinds of truth, the relation between imagination and belief, and ethics.4 Peter Kail has more recently devoted three articles to the .. (shrink)
Michel Malherbe’s translation is the first volume of a complete editorial project which intends to present and translate into French the whole 1777 edition of Hume’s Essays and Treatises on Several Subjects. Such a project does not only fulfill the need of a unified French translation of the last collection of Hume’s philosophical works. If the implications of Malherbe’s editorial intention go far beyond the French scholars’ expectations, it is because it matches Hume’s own editorial intention. Everybody knows that from (...) 1753 on, Hume considered that his whole work should only include the following: Essays, Moral, Political and Literary, An Enquiry concerning Human Understanding, A Dissertation on the Passions, An Enquiry concerning the Principles of Morals, The Natural History of Religion. Neither the Treatise, which Hume formally rejected, nor the Dialogues, which were published two years after Hume’s death, belong to that collection. Malherbe does not claim faithfulness to the author’s intention for its own sake. He simply insists—and successfully proves in his foreword—that Hume’s editorial intention corresponds to a philosophical intention deserving a proper philosophical response. The original significance of the works that follow the Treatise is not in their contents, but in the new philosophical manner the author adopted to deal with his perpetual object: the elaboration of a science of human nature. Hume’s mature works are more positive without being dogmatic, and display a new “art of composition, adjustment and distinction”. They constantly aspire to reach perfection in their writing, where argumentative precision is achieved through simplicity and refinement. Malherbe calls this new manner an argumentative art of association. Freer than any systematical approach, it also demands a more active reading. (shrink)
L'intérêt des sciences humaines pour les rapports entre TIC, langues et savoirs n'est pas nouveau. Cependant l'intelligibilité d'une construction épistémologique des relations reste un domaine en friche dans le contexte de la mondialisation. Le présent article essaie de s'en prendre à ce vide épistémologique en interrogeant particulièrement les enjeux des langues africaines dans le travail de structuration et de dissémination du savoir global et des savoirs locaux. Ces savoirs, chacun à sa manière, tentent de se construire un statut nouveau en (...) s'insérant dans les divers marchés de la connaissance. Pour cela, ils tirent profit du renouvellement des thématiques occidentales vis-à-vis des consommateurs africains d'information scientifique. En conséquence, des politiques de productivité et de circularité des savoirs s'érigent dans des stratégies d'uniformisation épistémologique. Parallèlement, la mode de la «diversité linguistique et culturelle», censée protéger les langues et savoirs locaux, risque de les transformer en de simples objets ethnographiques.The interest of the humanities to the relationship between ICT and language knowledge is not new. However, the intelligibility of a construction epistemological relations remains a fallow field in the context of globalization. This article tries to take this empty epistemological questioning particularly the issues of African languages in the work of structuring and dissemination of global knowledge and local knowledge. This knowledge, in their own way, trying to build a new status by inserting themselves into the various markets for knowledge. For this, they benefit from the renewal of western themed vis-à-vis African consumers of scientific information. As a result, productivity and political knowledge circularity themselves up in uniform epistemological strategies. Meanwhile, the fashion of the "linguistic and cultural diversity," intended to protect indigenous knowledge and languages, may turn them into mere ethnographic objects. (shrink)
Cet article s’intéresse au problème de la maintenance, c’est-à-dire au moment où les membres d’un collectif social tentent d’assurer dans le temps l’existence de leur collectif en instituant des règles pour réguler leurs comportements. Ce problème se pose avec acuité lorsque certains membres ne respectent pas ces règles communes. Pour maintenir la coopération sociale, les membres peuvent décider d’instituer des règles secondaires visant à sanctionner les transgressions des règles primaires déjà établies. La maintenance d’un collectif peut ainsi reposer sur l’émergence (...) de pouvoirs déontiques qui donnent aux membres l’autorité de légitimement punir et expulser les transgresseurs. Mais d’où viennent ces règles ? On peut penser qu’elles émergent des émotions éprouvées par les membres envers les transgresseurs. Je le démontre à l’aide d’une étude de cas qui établit que, dans le collectif Occupy Geneva, l’institutionnalisation de normes pour punir, exclure et réintégrer les déviants s’ancraient respectivement dans l’indignation, le mépris et le pardon. -/- This article focuses on the problem of maintenance; that is the moment when the members of a social collective attempt to ensure the existence of their collective over time by instituting rules to regulate their behavior. This problem becomes critical when certain members do not respect the common rules. To maintain social cooperation, members can decide to institute secondary rules aimed at sanctioning the transgressions of the already established primary rules. The maintenance of a collective can thus rely on the emergence of deontic powers that give members the authority to legitimately punish and expel transgressors. But where do these rules come from? The hypothesis is that they emerge from the emotions felt by the members towards the transgressors. I show this with the help of a case study, which establishes that the institutionalization of norms allowing the punishment, the exclusion, and the reintegration of deviants within the “Occupy Geneva” collective, was grounded in indignation, contempt, and forgiveness respectively. (shrink)
Laurence Hérault est anthropologue, spécialiste des parcours transgenres. Elle est maîtresse de conférences à Aix-Marseille Université et membre de l’IDEMEC, laboratoire de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme. Ses recherches l’ont conduite à mener des observations auprès des personnes transgenres et des praticiens hospitaliers. Clio a voulu l’interroger sur la circulation des savoirs médicaux et l’impact des débats théoriques au sein du triangle formé par l’anthropologue, les «.
Une des doctrines centrales de l’émergentisme est la thèse selon laquelle certaines propriétés d’un tout sont émergentes, en ce sens qu’elles sont irréductibles aux propriétés de base dont elles émergent — c’est-à-dire qu’elles ne peuvent ni être prédites, ni être expliquées à partir de leurs conditions sousjacentes. Pour comprendre et évaluer cette thèse correctement, il est essentiel que nous disposions d’un concept adéquat de réduction. Nous examinons d’abord le modèle classique de la réduction interthéorique de Nagel, et nous soutenons qu’il (...) ne nous fournit pas une base adéquate pour comprendre la thèse émergentiste. Nous proposons ensuite un autre modèle de réduction, celui de la « réduction fonctionnelle », et nous montrons qu’il constitue une base adéquate permettant d’évaluer la thèse émergentiste. Nous concluons avec une brève discussion de la question de savoir si les propriétés phénoménales d’expériences conscientes, ou qualia , sont émergentes.A central doctrine of emergentism is the thesis that some properties of wholes are emergent in the sense that they are irreducible to the “basal” properties from which they emerge — that is, they are neither predictable nor explainable in terms of their underlying conditions. To understand and properly evaluate this claim, it is essential that we have at hand an appropriate concept of reduction. This paper first examines the classic Nagel model of inter- theoretic reduction and finds it wanting as a basis for understanding the emergentist claim. Another model of reduction, “functional reduction”, is proposed, and it is argued that this model does provide an appropriate basis for evaluating the claim that certain properties of wholes are emergent. The paper closes with a brief discussion of the question whether qualia , or the phenomenal properties of conscious experience, are emergent. (shrink)
ABSTRACT: Jean-Michel Salanskis’ La gauche et l’égalité surveys a number of well-known principles of leftist thought in order to criticize certain illusions to which it falls prey, but also in order to renew its most essential motivation: the search for equality. However, in so doing, Salanskis deploys an ambiguous and problematic notion of possibility that threatens the coherence of his project. The present study analyzes aspects of Salanskis’ book, taking possibility as a guiding thread, and proposes adjustments that may help (...) to avoid certain classic pitfalls in the history of dialectical thinking. (shrink)
La méthode adoptée dans le Vocabulaire européen des philosophies peut-elle être taxée de « relativiste » comme l’écrit Carlo Ginzburg, et plus précisément de mener au « relativisme sceptique »? L’on vise ici à répondre par la négative en montrant les proximités entre la démarche du VEP et certains travaux de l’auteur lui-même. Si le VEP n’est pas un dictionnaire d’« ethnophilologie », et se centre sur les traductions du vocabulaire philosophique, les enjeux politiques sont essentiels. Il s’agit, en prenant (...) de la distance par rapport à sa propre langue, de construire des comparables, en étant aussi bien contre l’universalisme abstrait que contre le culturalisme relativiste qui conduit à l’incommensurabilité. (shrink)
Explains a key aspect of Malraux's theory of art – his explanation of the nature of artistic creation. The question is widely neglected in modern aesthetics.