Abstract
À la négligence théologique de la loi, faiblesse de la tradition éthique protestante, l’auteur propose un remède : un « sensus aestheticus legis ». Il établit d’abord comment l’opposition de la Loi à l’Évangile a conduit à en retenir surtout les connotations négatives. Mais ce caractère unilatéral, montre-t-il aussitôt, dérive d’une interprétation étroite de la théologie de Luther, ignorant que le réformateur reconnaît dans la loi un don divin avant la chute. En second lieu, à partir d’une relecture du psaume 119, l’auteur attire l’attention sur le rapport sensuel du psalmiste à la Torah. La parole divine n’est pas objet d’interprétation mais sujet vivant dans un dialogue ; elle est « voix » plutôt que « texte ». La métaphore de la loi en tant que « lampe des pieds » invite donc à « promener » les commandements de Dieu dans le but d’explorer le monde grâce à la lumière qu’ils donnent