Abstract
Pascal Engel défend explicitement le purisme (ou l’intellectualisme). Selon la version générale de cette thèse, les facteurs qui déterminent si une croyance est justifiée, ou si elle est une connaissance, ne concernent que la vérité. Ils sont totalement indépendants des désirs ou des préférences du sujet, ainsi que des conséquences pratiques potentielles du fait de posséder ces croyances. Dans son article « Pragmatic Encroachment and Epistemic Value » (2009), P. Engel concède que des facteurs pratiques peuvent déterminer la quantité de données (ou la justification) dont on a besoin pour savoir ou croire, tout en maintenant que cela n’affecte pas le purisme épistémique (dans sa version évidentialiste) sur les notions de donnée ou de degré de justification. Mais cela ne revient-il pas tout simplement à concéder l’impurisme épistémique au moins à propos de la connaissance ou de la justification simpliciter des croyances ? Dans cet article, j’examine en détails la position de P. Engel. Je montre que, correctement comprise, elle est intégralement puriste. En considérant le principe connaissance-action, je soulève néanmoins un dilemme pour son approche, jetant ainsi un doute sur le potentiel qu’elle aurait à fournir une réponse puriste satisfaisante à l’argument fondamental motivant l’impurisme épistémique.