Abstract
La Doctrine de la Science professée à l'Université de Berlin en 1812 est imprimée dans le volume 2 des Nachgelassene Werke qu'on désigne habituellement comme le tome X des Oeuvres. C'est la dernière version de la Doctrine de la Science que l'auteur a pu compléter et elle peut être considérée comme l'exposé final de sa spéculation. Sans doute, la Wissenschaftslehre de 1813 restée fragment contient maintes formulations percutantes, auparavant inconnues et les Tatsachen des Bewußtseins de 1813 présentent selon un autre ordre -- et d'une manière bien plus agréable, plus lisible -- la plupart des grands thèmes du cours de 1812. Toutefois, ce texte demeure l'ultime formulation autorisée de l'idéalisme fichtéen, un ouvrage de grande maturité, qui expose avec fermeté et brio le processus du savoir transcendantal. Ici aussi le philosophe dit et redit avoir accédé à une clarté jusqu'alors inconnue dans l'exposé, mais en ce qui concerne le sujet de cet exposé, il reste le même. Fichte croit dire la même chose depuis 1794 même s'il pense le dire mieux chaque année. Or l'historiographie reste plus que sceptique à l'égard des prétentions de l'auteur et elle ne voudrait pas lui concéder la continuité des thèmes et des thèses à travers le fil des ans. On lui reproche une espèce de rupture avec le projet transcendantal de ses commencements, on le prend pour le représentant d'un idéalisme théiste, d'une mystique spéculative. Il se serait engagé comme Schelling -- et d'une manière peut-être encore plus désespérée que lui -- sur une voie sans issue de la spéculation qui l'aurait conduit à la ruine.