Abstract
Cet article réexamine la totalité des témoignages sur la pensée démocritéenne de l’origine du culte divin. Une étude approfondie de ces témoignages nous autorise à affirmer que, dans l’esprit de Démocrite, le culte des dieux ne dérivait pas seulement d’une peur des phénomènes naturels hostiles, mais aussi de la reconnaissance pour les événements favorables à la survie des humains. Il est à présent possible de réinterpréter cette conception selon un point de vue polémique : Démocrite n’aurait pas nié l’existence des dieux, mais plutôt exposé les mécanismes psychologiques qui conduisent les hommes ordinaires à croire dans les dieux traditionnels. Contre la croyance superstitieuse, il démontre, en s’aidant également de la théorie des εἴδωλα, que les seuls dieux qui existent sont pourvus de la même « raison » que celle à l’œuvre dans la nature et grâce à laquelle les hommes peuvent comprendre ses phénomènes aussi suprenants que variés.