Abstract

La médecine joue un rôle majeur dans les sociétés contemporaines. La volonté de prévenir les maladies, l'espoir de guérir et de prolonger la vie humaine répondent à des aspirations de plus en plus profondes. Un regard médical est porté sur tous les aspects de l'existence, de la naissance, avec la procréation médicalement assistée, à la fin de vie, avec l'euthanasie. Il semble bien que l'on confie sa vie à la médecine comme on la confiait naguère à Dieu. A l'heure du déclin des religions séculières, la médecine apparaît comme une religion de substitution. Mais apporte-t-elle, pourtant, des réponses à nos interrogations existentielles? Il semble, au contraire, qu'elle ne soit qu'un pis-aller incapable de donner un sens à la vie et d'apprendre à mourir. Le revers scientiste de l'obsession de la mort. Une religion chétive, dont l'échec est souvent cruel. La médecine, aussi efficace soit-elle, doit veiller à rester à sa juste place. Elle ne peut soigner en confisquant le risque de vivre, elle qui ne soigne qu'en prenant le risque d'échouer.