Dialogue 39 (4):829-831 (
2000)
Copy
BIBTEX
Abstract
Il est généralement admis que la philosophie de Hegel—le système hégélien dans son ensemble—est minée par une contradiction insoluble: l'hégélianisme est en effet considéré comme une philosophie qui pense les conditions d'émergence de l'historicité dans les termes d'un déploiement du système de la liberté, système qui, bien évidemment, culmine dans une pensée du politique et de l'État. Toutefois, l'accomplissement du système n'est en réalité possible que si le temps et l'histoire sont achevés. Autrement dit, l'histoire ne peut révéler son intelligibilité qu'à la seule condition de se supprimer et de se résorber dans le système. Et c'est en ce sens qu'il semble y avoir une contradiction réelle, voire une aporie, entre l'exigence de clôture du système et «l'ouverture vers l'avenir» qui est inhérente à la temporalité et à l'historicité. L'hégélianisme serait donc bel et bien cette philosophie qui, en s'efforçant de penser l'histoire, en conceptualiserait, dans un même tenant, son abolition et sa dissolution dans un présent perpétuel. À n'en pas douter, Hegel serait, selon la formule consacrée, le penseur de la fin de l'histoire et de la «fin des temps».