Abstract
L’article entend montrer que pour Christian Wolff, l’idée de la liberté de philosopher est intimement liée à l’idée d’une méthode considérée comme le garant de la vérité des affirmations établies. Ce lien entre liberté de philosopher et méthode philosophique doit être contextualisé entre autres par rapport aux controverses notamment avec les piétistes dans lesquelles Wolff était impliqué. Parler de liberté de philosopher signifie dans ce cadre, parler d’une raison émancipée des tutelles de la théologie — du moins d’une certaine théologie, mais au-delà de cette idée-programme, chère aux Aufklärer, le programme de la liberté de philosopher se conçoit chez Wolff comme un programme, somme toute, défensif, en tout cas foncièrement irénique et consensuel aussi bien à l’égard de la religion qu’à l’égard de l’État. Pour Kant, en revanche, l’idée de la liberté de penser — en dépit de multiples recoupements avec des thèmes abordés chez Wolff — s’inscrit dans un contexte plus large — non plus défensif —, celui d’une raison publique devenue critique.