Abstract

Les émotions possèdent-elles un rapport privilégié au moi ? Je montre en premier lieu qu’une thèse ambitieuse à ce propos se doit de situer ce rapport au niveau de l’intentionnalité des émotions. Ce rapport intentionnel peut prendre différentes formes dans la mesure où l’intentionnalité des émotions est complexe : une émotion porte toujours sur un objet donné qu’elle évalue. J’examine ensuite trois thèses à ce propos. La première considère que le moi constitue l’objet intentionnel de toute émotion. La deuxième fait appel à une forme de réflexivité plus subtile en affirmant que les émotions représentent toujours d’autres états psychologiques du sujet. La troisième situe le rapport au moi au niveau évaluatif : toute émotion évaluerait d’une façon relationnelle, l’un des termes de cette relation étant le sujet qui la ressent. Je cherche à montrer que ces trois thèses valent au mieux pour quelques émotions et qu’il est souvent préférable de les remplacer par des thèses considérant que le rapport au moi est non intentionnel.