Abstract
La modernité s’est accompagnée d’une reprise en main par l’État des noyaux de pouvoir religieux qui lui étaient auparavant extérieurs. Toutefois, on peut montrer qu’à cette rupture se superpose une autre discontinuité notable : l’apparition d’un concept de pouvoir nouveau, s’occupant de la vie elle-même et non plus de ses marges, qui serait la biopolitique. Il est possible de déceler les leviers conceptuels qui nouent ensemble ces deux transformations chez l’un des penseurs essentiels de cette modernité politique, Spinoza, dans la mesure où, tout en démontrant la nécessité pour le pouvoir politique de s’émanciper du religieux et de le reprendre en main, il participe d’une nouvelle manière de penser l’exercice du pouvoir.