Abstract
À la fin du ve siècle avant Jésus-Christ, apparaît dans la littérature grecque un certain nombre de discours impies. Platon en fait l’inventaire dans les Lois. Parmi les critiques adressées à la religion traditionnelle, l’une figure en bonne place chez Euripide : puisque les hommes injustes n’ont, dans les faits, guère à pâtir de leur conduite, il est légitime de mettre en doute l’existence des dieux. Or une autre thèse, voisine dans son vocabulaire mais conceptuellement distincte, se fait jour à la faveur de la première : l’irrespect de la loi et son affaiblissement entraînent une perte de confiance dans les dieux, car ces derniers sont une partie même du nomos. La réponse sophistique et même platonicienne à ce constat propose d’inverser les termes du problème : il faudrait pouvoir renforcer le tout par la partie, le nomos par la croyance aux dieux, les deux étant des faits institutionnels produits par le ou les législateurs. L’article examine comment cette suggestion se trouve développée, avec des variations, par Protagoras, Critias et l’Étranger d’Athènes au livre X des Lois.