Abstract

Faibles, légères, inconstantes seraient les femmes, pour la plus grande jubilation de générations masculines... On verra dans le Petit Traité que Gabrielle Suchon (1632-1703), quant à elle, juge que faiblesse, légèreté et inconstance sont équitablement réparties chez les deux sexes. En s'évadant du couvent pour exiger du pape un rescrit contre des vœux extorqués, en se dressant contre sa famille pour vivre une vie de recherche et d'enseignement, Gabrielle Suchon a fait la démonstration de cette force et de cette persévérance. L'essentiel du Petit Traité, c'est la revendication, pour les femmes, des qualités " viriles " de constance et de détermination dont elle multiplie les exemples. Martyres chrétiennes, recluses et contemplatives, ou héroïnes de l'Antiquité païenne, femmes d'action, d'honneur et de courage, belles et désirables, animées d'une vertu combative et généreuse sont ses vraies Amazones. Dans le monde d'aujourd'hui, où les droits des femmes apparaissent si fragiles et si menacés, quand ils ne sont pas purement et simplement déniés, on mesure la précocité et la pertinence de cette pensée, bien proche de celle de Montaigne dans la liberté de ton et le courage.