Abstract
Résumé Claude Lévi-Strauss a souvent souligné l’importance que revêtait pour lui la découverte précoce du marxisme dont l’inspiration l’aurait ensuite constamment accompagné dans son travail d’anthropologue. Cette affirmation est devenue un leitmotiv des travaux consacrés à Lévi-Strauss, sans que personne ne se soit soucié d’en vérifier le bien-fondé. De nombreux indices attestent pourtant que Lévi-Strauss s’est livré à une mystification autobiographique. Afin d’en saisir la signification, l’article se propose de reconstituer le contexte du milieu intellectuel parisien des années 1950, lorsque cette mystification a vu le jour, et d’expliquer les raisons qui ont poussé Lévi-Strauss à entretenir cette fiction encore une trentaine d’années plus tard. Le but de cet argument est de montrer que la ruse autobiographique habilement mise en scène, loin de n’être qu’un obstacle herméneutique, peut également devenir une ressource qui aide à lever le voile sur des pans oubliés de l’histoire.