Abstract
Dans ses Essais hérétiques sur la philosophie de l’histoire, Jan Patočka donne de la première guerre mondiale une interprétation située dans le sillage de l’interrogation historiale de Heidegger, dont il marque les limites et propose une radicalisation qui fait surgir la solidarité entre la technique et la guerre. Pour Patočka, qui s’appuie sur les récits de guerre de Jünger et de Teilhard de Chardin, la pensée historiale et les témoignages du front s’éclairent mutuellement : la saisie de la première guerre comme « culmination du règne de la force » permet de rendre visibles un certain nombre d’expériences, dont celle du sacrifice. L’expérience du front contient le ferment d’un renversement, d’un « metanoein colossal et inouï », seul capable de miner les bases du système qui a conduit à la guerre et d’ouvrir ainsi une « paix véritable ».