Michel Henry et la question du fondement de l?intentionnalité
Abstract
Si nous avons placé notre examen du traitement théorique que Michel Henry a réservé à l?intentionnalité sous le signe du fondement qu?il cherche à lui assigner, c?est parce que l?une de nos principales ambitions sera de montrer que la critique que le philosophe français fait de ce leitmotiv de la phénoménologie husserlienne ne doit pas être comprise comme une tentative d?expulsion de l?intentionnalité hors du champ des recherches phénoménologiques, mais comme une entreprise de fondation. Dans cette perspective, le point de départ de Michel Henry réside dans une question très simple : l?intentionnalité est-elle susceptible de se fonder elle-même, trouve-t-elle son fondement en elle-même ? Ou sinon, quelle est sa condition de possibilité ? Ainsi, plutôt que de se contenter d?une attitude descriptive à l?égard d?un comportement intentionnel qui serait à chaque fois déjà donné, déjà opérant, il s?agit de soumettre l?intentionnalité à un questionnement de type transcendantal, pour la reconduire vers ce « qui la rend ultimement possible » 1 . Le trajet suivi par cette reconduction de l?intentionnalité à son fondement est esquissé par Michel Henry de façon exemplaire dans son article, désormais célèbre, de 1995, « Phénoménologie non intentionnelle : une tâche de la phénoménologie à venir » 2 ; c?est ce texte qui nous donnera la première assise de notre analyse. Toutefois, précisément