Abstract
Alfred Tarski a joué un rôle déterminant dans la déconstruction du clivage classique de l’analytique et du synthétique alors même que les ouvrages consacrés à ce chapitre de la philosophie restent, en général, relativement discrets au sujet de son rôle au profit de W. V. O. Quine. La critique de Tarski, qui s’articule dès 1930, s’organise le long de deux axes principaux. Le premier a trait à la difficulté de définir objectivement la notion de logicité ; le second, qui s’appuie sur une conception holiste de la science, admet la possibilité d’une rectification des principes logiques au nom de l’expérience. Sur ce point, les objections ponctuelles de Tarski anticipent la critique plus systématique que Quine adressera à la notion de l’analyticité. L’analyse des principales étapes de la critique de Tarski révèle toutefois que sa pensée n’est pas toujours exempte de tensions internes. Alfred Tarski has played a decisive role in the refutation of the classic cleavage between analytic and synthetic truths, though the studies which deal with this chapter of philosophy generally stress the role of W. V. O. Quine in this question and omit to mention Tarski’s name. Tarski’s critique, which has been expressing itself since 1930, is developed along two main lines. The first concerns the difficulty of giving an objective definition of logical notions ; the second, based on a holistic conception of science, maintains the possibility of the refutation of logical principles by experience. In this question the selective objections of Tarski anticipate the more systematic critique of analyticity by Quine. However, the analysis of the different steps in Tarski’s critique shows that his way of thinking is not free of inner tensions