Abstract
La question soulevée par cet article est celle de la légitimité d’un des concepts qui semble le mieux établi dans le lexique philosophique contemporain, celui du moi. Ce concept qui, à sa création, répond à des problèmes bien définis, a revêtu un sens de plus en plus vague au fur et à mesure de sa diffusion, au point qu’il est devenu souvent difficile de dire ce qu’il signifie au juste chez la plupart des philosophes qui l’emploient. En revenant à la source de cette notion, le présent article s’efforce d’examiner quelques-uns des problèmes qu’elle soulève. Il s’attache plus particulièrement à montrer que la thèse selon laquelle le moi possède une identité en première personne, distincte de l’identité en troisième personne de l’individu dans le monde, soulève des problèmes insolubles. Or cette thèse repose nécessairement au fondement de toute conception qui prétend distinguer le moi de l’être humain individuel.