Abstract
Il s'agit d'esquisser une analyse de la théorie de la conjecture développée dans les "Pensées sur l'interprétation de la nature" comme un cas de figure conférant un éclairage particulier sur les stratégies discursives déployées dans toute l'œuvre de Diderot. Dans un premier temps, il s'agira d'établir que la fonction de la conjecture est, à proprement parler, de mettre en mouvement la pensée du lecteur. Cette fonction s'exerce contre une attitude que Diderot execre, qui est celle du dogmatisme, où se profile une vanité : celle de se croire l'unique détenteur d'une vérité définitive. Ainsi, on verra, dans un deuxième temps, que l'opération dynamisante de la conjecture repose sur une communauté de structure entre les sphères épistémologique et esthétique. Un des traits essentiels de la pensée de Diderot est cette idée qu'il y a une génialité à l'œuvre dans toutes les activités humaines, et que cette génialité est ce qui ouvre sans cesse des virtualités nouvelles. Enfin, il faudra faire le lien entre cette approche conjecturale et l'une des stratégies les plus accomplies chez Diderot, à savoir le dialogisme.