Abstract

Jean-François Mattéi est un philosophe français né en 1941 à Oran et décédé en 2014 à Marseille. Sa disparition laisse incontestablement un vide dans le paysage intellectuel français contemporain, car peu de voix ne se sont élevées avec tant de force et de brio pour dénoncer l'imposture de la pensée faible et du postmodernisme, ces répliques modernes de la sophistique que Platon combattait déjà vigoureusement à l'aube de la philosophie. Un premier ouvrage collectif parut en 2015, De Platon à Matrix - L'Âme du monde, qui rendit hommage au penseur sur un mode complice, amical et touchant. Une chaire vit le jour au Centre Universitaire de la Méditerranée (CUM) de Nice, dont l'ambition annoncée est de prolonger l'œuvre de Mattéi en fournissant des travaux de réflexion autour du génie méditerranéen de la pensée et de la civilisation européenne.La rame à l'épaule, expression tirée de l'Odyssée, emprunte une tierce voie, qui ne relève ni de la proximité amicale ni du travail universitaire d'érudition. Ce que vise ici Baptiste Rappin, c'est en effet le cœur de la pensée de Jean-François Mattéi : à savoir que le mythe confère à la raison son sens et son horizon, et seul lui permet de s'articuler au monde. Les symboles préservent de la sorte le langage de l'autoréférentialité et de l'inarticulation barbare. Si cet essai scrute attentivement l'œuvre de Mattéi, il en ressort, du fait même de son objet, une relecture de l'histoire de la philosophie qui s'exprime à travers les analogies de l'architecture, du ciel, de l'étoile, de la musique et du tissu qui traversent la pensée européenne de ses aurores platonicienne et même pythagoricienne jusqu'à Nietzsche, Heidegger, Arendt ou encore Boutang.