Abstract
RésuméAristote n'a pas développé une théorie de la quantification du prédicat, mais une étude récente de Hasnawi a montré qu'Ibn Sīnā a consacré à celle-ci une étude rigoureuse. Assumant la structure aristotélicienne sujet-prédicat, Ibn Sīnā qualifie les propositions qui comportent un prédicat quantifié, de propositions déviantes. Une conséquence de cette approche avicennienne est que la seconde quantification est absorbée par le prédicat. La distinction claire ainsi opérée entre un sujet quantifié, qui pose le domaine de la quantification, et une partie prédicative, qui construit une proposition sur ce domaine, correspond structurellement à la distinction, faite dans la théorie constructive des types, entre le type des ensembles et le type des propositions.Aristote n'a pas non plus combiné son analyse logique de la quantification avec sa théorie ontologique des relations ou de l’égalité. Ibn Sīnā, en revanche, a utilisé les syllogismes qui nécessitent une logique de l’égalité et il a examiné des cas où la quantification se combine, via l’égalité, avec des termes singuliers. En outre, ces réflexions sont essentielles pour sa théorie des nombres qui est fondée sur l'interaction entre l’un et le multiple. Lorsqu'on combine la théorie métaphysique de l’égalité telle qu'on la trouve chez Ibn Sīnā avec son travail sur la quantification du prédicat, il en résulte tout naturellement une logique de l’égalité. En effet, l'interaction entre la quantification du prédicat et l’égalité peut être appliquée aux exemples de syllogismes mentionnés par Ibn Sīnā dans lesquels ces notions interviennent. En utilisant les instruments formels fournis par la théorie constructive des types de Martin-Löf, cet article établit des liens entre la métaphysique d'Ibn Sīnā et son travail logique, liens qui ont été discutés en relation avec d'autres sujets par Thom et Street. Ibn Sīnā n'a pas développé une logique de l'identité, mais il a développé les moyens conceptuels de le faire.