Husserl. La phénoménologie et les fondements des sciences

Paris, France: Hermann (2019)
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Abstract

Le programme d’une fondation des sciences fit l’objet d’un intérêt constant de la part de Husserl, et a accompagné sa phénoménologie dans toutes les phases de son développement. Si les Prolégomènes à la logique pure confient la justification de la possibilité d’une théorie en général à l’idée d’une logique pure conçue comme « théorie pure des multiplicités », c’est au déploiement d’une ontologie matériale que revient la tâche de délimiter les domaines d’objets qui sont ceux des sciences positives effectives et possibles, de même que les concepts fondamentaux en lesquels ils s’explicitent, ainsi que les principes de leur articulation. Dans la mesure où ces domaines thématiques d’objets sont conçus par Husserl comme autant de régions ontologiques, c’est en accueillant la tâche d’une ontologie régionale que la phénoménologie husserlienne, par-delà son « tournant transcendantal », a cherché à se donner les moyens de fonder non pas seulement la scientificité de ces sciences, mais aussi et surtout les grands partages qui font la diversité de leurs orientations thématiques et méthodologiques, jusqu’à fonder éventuellement chacune de ces sciences en sa singularité. Le but du colloque dont sont tirés les contributions écrites qui vont suivre – colloque qui coïncidait avec les quatre-vingts ans de la disparition de Husserl –, était d’examiner les tenants et les aboutissants de ce programme d’une fondation phénoménologique et régionale des sciences, en se demandant dans quelle mesure il confère effectivement aux sciences qu’il a prétendu fonder une plus grande intelligibilité, mais aussi en interrogeant ses limites et les apories auxquelles il se heurte, en tenant compte notamment du développement des sciences depuis l’époque de Husserl. On peut évidemment, au terme de ce parcours, douter que la phénoménologie transcendantale ait pour vocation véritable de conférer aux diverses sciences positives une authentique fondation, qui tirerait leurs concepts fondamentaux de l’intuition des essences et réglerait leurs procédés méthodiques sur le mode de donation des objets du domaine concerné ; peut-être qu’à ce projet fondationnel qui fait de la phénoménologie transcendantale la science fondatrice et omni-englobante, il faut en définitive substituer le but plus humble de comprendre ou d’élucider les sciences dans leurs effectuations réelles, c’est-à-dire celui d’une simple herméneutique des rationalités régionales. Peut-être aussi, à l’idée d’une fondation anhistorique de toute science par l’élucidation de l’a priori matérial et des concepts fondamentaux qui correspondent à son domaine d’objets respectif, faut-il substituer la tâche de thématiser la science située à un certain moment de l’histoire, dans l’effectivité historique relative de ses méthodes et de ses résultats ; le projet de fondation eidétique des sciences devrait alors laisser place à une investigation des transformations historiques essentielles de la rationalité, c’est-à-dire à une épistémologie historique – dans cette perspective, la confrontation de Husserl avec l’épistémologie historique française, ainsi qu’avec la théorie de la connaissance néokantienne, présente un intérêt majeur. Dans leur ensemble et à travers la variété de leurs approches, ces études espèrent ainsi contribuer à une détermination critique des ressources épistémologiques de la phénoménologie, y compris dans la perspective de débats contemporains. Pour ce faire, l’ouvrage qui suit se propose de suivre les grandes divisions que la classification husserlienne des sciences n’aura cessé tout à la fois d’exploiter et de problématiser : on envisagera ainsi successivement la fondation husserlienne des sciences analytico-formelles (logique, mathématique), puis celle des sciences « à teneur réale », en respectant ici l’ordre de fondation unilatérale des couches de la réalité (géométrie, physique, biologie, psychologie et sciences de l’esprit).

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Dominique Pradelle
Université Paris-Sorbonne

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